jeudi 14 novembre 2013

La photo du jour: patin sur le lac gelé en novembre

À la mi-novembre, et à l'heure du déjeuner au bureau, je peux patiner sur le lac gelé devant la mairie, pas mal non? La semaine dernière, certains avaient déjà marché sur le lac, mais ça me semblait braver le bon sens. La ville mesure l'épaisseur de la glace aux points stratégiques toutes les semaines, mais les pompiers ont encore appelé à la prudence ces derniers jours. Pratiquement chaque jour, je suis allée voir l'état de la glace sur Frame Lake devant la mairie, à côté de mon bureau; si j'hésitais la semaine dernière à m'y aventurer, je me sens rassurée maintenant que j'ai vu plusieurs personnes patiner et jouer au hockey sur le lac, et que j'ai constaté moi-même que l'eau avait gelé sur près d'un pied (30cm). Maman, ne t'inquiètes pas, je n'irai pas au milieu du lac ou autour des îles où se trouvent les courants! Pareil pour la baie de Yellowknife, je préfère attendre l'ouverture de la route de glace vers Dettah et voir décoller les avions sur skis avant de la traverser. Ceci dit, les températures restent négatives depuis un moment et nous n'avons pratiquement pas de neige, conditions idéales pour former de la bonne glace bien solide!

dimanche 10 novembre 2013

Pensées saisonnières


Je voulais vous parler de l'automne, mais voilà, c'est déjà fini. Hier, nous avons eu notre première journée à -20 avec son beau ciel bleu. J'ai ressorti ma parka, j'ai même trouvé 10$ dedans! Malgré les 7 ou 8 mois d'hiver que j'ai déjà connus, malgré les 61 jours en dessous de -30 de l'hiver 2012/2013 et malgré mon impatience de revoir la neige, et bien j'ai eu froid.
Ah le nez qui pique, la gueule qui fait mal, le vent qui passe dans la moindre ouverture de ton manteau, la neige qui crisse sous les pas, le nez qui goutte, les kilos de la parka à trimbaler tous les jours, les yeux qui collent, les démarches de pingouins, les dérapages sur les plaques de glace dissimulées, la gaucherie des mains encombrées de leurs moufles, la voiture qui tousse pour démarrer, le cache-nez tout mouillé en quelques minutes qui devient rigide, les kleenex utilisés congelés dans tes poches, le portable que je laisse sonner dans ma poche pour ne pas risquer l'engelure pour vous parler ou vous texter...
Je me demande comment je faisais l'année dernière; toutes les sorties en raquettes ou en ski par -30 avec un sac à dos pesant de linge de rechange, de mon appareil photo, d'un thermos rempli d'une boisson chaude et de barres de céréales. Était-ce l'engouement du premier hiver? Suis-je victime de l'appréhension du deuxième hiver? Il n'y a pas encore assez de neige pour skier et les lacs ne sont pas encore suffisamment gelés pour y aller sans risque. J'ai pourtant complété mon stock de linge en laine de mérinos, j'ai acheté des skis, et j'ai commandé de meilleures bottes. Je suis prête. J'ai vraiment hâte de faire de nouvelles photos de la féérie des paysages enneigés du Nord.

dimanche 27 octobre 2013

Diane Boudreau, 13 ans de travaux à l'ARCC

C'est la matière qui semble passionner Diane avant tout: les matériaux récupérés au gré des balades, les restes de peinture, les métaux rouillés trouvés sur une île, les poils de caribou, les os, une pagaie, des bâtons, etc. Avant de migrer au Sud pour l'hiver, comme les oiseaux qu'elle peint si bien, notre artiste-biologiste Diane Boudreau a décidé de présenter ses œuvres à l'ARCC, un petit récapitulatif tout en couleurs de ses 13 années passées ici.
Une exposition de Diane, c'est comme un voyage culturel à travers les TNO, on y voit beaucoup d'oiseaux du Nord, des lagopèdes, des corbeaux, ou encore des petits chevaliers, mais aussi des paysages d'ici, comme nos lacs, nos îles ou encore nos mines. L'artiste parle volontiers des matières et des anecdotes derrière ses œuvres, comme les longues boîtes de carottes de roches en bois récupérées dans les mines autour de Yellowknife ou le pot en pieds d'oies fait à Inuvik en 2012 ou encore les poupées en peau de poisson réalisées au cours d'un atelier à Rankin Inlet en 2003.
En 1999, Diane est venue rendre visite à une amie à Yellowknife. Sa curiosité était piquée: elle voulait connaître le Nord; elle avait un goût d'aventure à ce moment-là, l'envie d'autre chose. L'année d'après, elle fait le saut. Elle trouve un travail dans un cabinet d'architecte, ce qu'elle faisait déjà au Québec. Mais ce qui lui tenait vraiment à cœur, c'est l'art. Elle avait déjà goûté à l'art scénique au Québec ; c'est là qu'elle avait appris la peinture pour les décors de théâtre, et elle avait beaucoup aimé la texture de cette matière. Travailler sur des projets tard le soir après une journée de travail ne lui suffisait plus, elle avait envie de s'essayer comme artiste à plein temps. C'est ce qu'elle a fait lors de sa deuxième année à Yellowknife, elle a tout arrêté et s'est lancée.
Des projets, Diane n'en manque pas. Elle n'est pas encore dans l'avion qui va l'amener au Québec pour l'hiver (pour prendre soin de sa maman) qu'elle parle déjà des futures peintures imaginées pour l'année prochaine. Diane, j'ai hâte de te revoir dans ton atelier en plein air au coin de la 50e rue et de la 52e avenue, à l'année prochaine!

mardi 24 septembre 2013

Poisson fumé, mode d'emploi

Oubliez le saumon fumé orange vif qu'on sert à Noël, voici la truite du Grand Lac des Esclaves fumée à 500m de chez moi. Bon, en fait, c'est pas compliqué, faut du poisson frais... et de la fumée... Stéphanie, pêcheuse de charme en été, a bien voulu me montrer sa technique. Déjà, elle avait pêché un bon paquet de truites 2 jours auparavant. Aussitôt la pêche terminée, et les truites filetées (en gardant la peau), elle a fait mariner les poissons dans leur jus, avec un peu de sel et du sucre. Les recettes varient suivant le pêcheur bien sûr.
Pour le fumage, on dispose les filets dans un fumoir. Il y en a de toutes sortes, traditionnels en bois, électriques en métal, etc. Ici, fumoir système D avec une armoire en métal récupérée; les poissons sont alignés sur des grilles. Ensuite, Stéphanie allume un feu de petit bois, généralement du bouleau dans la région, forcément on n'a pas beaucoup de choix. On peut utiliser des épinettes, mais tout le monde n'aime pas le goût. Sur le feu, elle dépose également une poêle en fonte dans laquelle se trouvent des copeaux humides de hickory (arbre) pour donner de la saveur. Après on ferme la porte et on papote pendant plusieurs heures! That's it. Il faut ajouter du bois de temps en temps, et bien sûr faire tourner les filets d'une grille à l'autre pour qu'ils cuisent tous à peu près en même temps. 4h plus tard, les truites fumées étaient prêtes. Ça, c'est une expérience que je n'aurais jamais imaginé à Bordeaux! Voilà pour moi le goût du Nord: la truite, le whitefish ou l'inconnu pêché et fumé par des gens que je connais.

dimanche 15 septembre 2013

Tanya Tagaq au NACC (centre culturel artistique du Nord)

Voilà une performance que je n'oublierai pas. En arrivant dans le Nord, il est une musique qu'on découvre en général pour la première fois, le chant de gorge (chant guttural, haleté, etc.). Il nous vient des femmes inuits, qui le pratiquent traditionnellement en duo. Quand c'est le cas, c'est quelque chose à voir! Les deux femmes se font face et se tiennent souvent par les épaules (sauf celles que j'ai vues car elles tenaient leur micro...). On sent une connivence entre ces femmes et les sons qu'elles produisent sortent d'un autre monde. Passée la surprise (certains sons très gutturaux me font parfois penser à ceux qu'on produit quand on... régurgite en fait), on se laisse aller et porter par notre imaginaire.
Tanya Tagaq est une chanteuse inuit connue pour ses chants de gorge adaptés aux goûts d'aujourd'hui et intégrant des instruments. Elle collabore avec d'autres musiciens, et ses spectacles sont époustouflants. Contrairement à la tradition, elle chante seule.
Le spectacle que je suis allée voir était une diffusion d'un vieux film muet de 1922, Nanouk l'Esquimau, pour lequel Tanya faisait la narration en chant de gorge, accompagnée d'un violoniste et d'un percussionniste. À lire la description, je pensais passer 2h assez difficiles, mais j'ai trouvé le show trop court!
Mon regard allait des images à Tanya, s'attardait sur le film, se reposait sur elle. On pourrait penser qu'il suffit de l'écouter et de regarder les images, mais cette femme est un spectacle à elle seule et on a envie de la regarder. Elle est sensuelle, elle se mouve au gré des sons qu'elle produit et sa gestuelle donne de l'ampleur au chant; parfois, on a l'impression qu'elle devient les images du film: ses muscles saillants rappellent la lutte du morse contre le harpon qui vient casser son élan, ou les vagues de l'océan Arctique qui se brisent contre la glace. Il me semble que ses yeux sont parfois blancs, comme si elle était en transe, et je me dis que sa performance est primale, ou primaire, j'ai presque envie de dire "animale". Et là, je m'aperçois qu'elle est pieds nus sur scène.
Tanya Tagaq est une personnalité très colorée connue dans la région; pas du genre chichi, elle est accessible et se joint à la foule à la fin du spectacle. Je lui dis que je l'ai trouvée magnifique et que sa performance m'a touché, et naturelle, elle me répond qu'elle ovule en ce moment et qu'elle avait super chaud!
Voilà un exemple de chant de gorge avec Illannaat que j'ai vu à Folk on the Rocks: http://www.youtube.com/watch?v=zu0qQexySKc
La page MySpace de Tanya Tagaq: https://myspace.com/tagaq/music/songs
Et le générique d'Arctic Air pour voir ce que ça peut donner une fois adapté: http://www.youtube.com/watch?v=FkXadXsOnbg

mardi 10 septembre 2013

Un week-end entre femmes francophones

Voici l'article que j'ai écrit pour l'Aquilon, le journal francophone de Yellowknife.

Entr’elles, une fin de semaine de canot-camping entre femmes de la francophonie

Messieurs, méfiez-vous, vous n’êtes plus essentiels en camping! Lors de la fin de semaine Entr’elles organisée par l’Association franco-culturelle de Yellowknife, les participantes ont prouvé qu’elles n’avaient pas besoin de vous pour attacher et débarquer des canots, se diriger dans les vagues et assurer les portages, fileter des poissons ou encore faire du feu! 
L’idée d’organiser une sortie entre femmes francophones trottait dans la tête de Pascaline Gréau, la directrice de l’AFCY, depuis un moment déjà. En discutant avec Catherine Mallet de North Soul Adventures, Mme Gréau s’est aperçue que cette dernière recevait beaucoup de demandes pour organiser des excursions de canot-camping entre femmes. D’après Mme Mallet, «ºen camping, ce sont souvent les hommes qui prennent en main les tâches ardues; les femmes sont intéressées par des sorties entièrement féminines leur permettant de prendre des initiatives et de voir qu’elles sont capables de faire les mêmes choses. Certaines femmes se sentent aussi plus à l’aise quand elles sont entre femmesº». C’est justement l’aspect féminin de l’aventure qui a motivé Mélanie, originaire du Québec : «ºJ’aimais bien l’idée de partager avec d’autres femmes, et je trouvais intéressant  de faire une sortie avec le point de vue des femmes, car c’est une activité pour laquelle on compte souvent sur les hommesº».
Entr’elles a réuni 17 femmes de la francophonie aux profils variés. Originaires du Québec, de l’Ontario, de la France, du Nouveau-Brunswick et des TNO, certaines n’avaient jamais fait de canot-camping, d’autres avaient expérimenté le camping et le canot, mais pas les deux ensembles, mais toutes étaient impatientes de relever le défi. Manon, originaire du Québec et à Yellowknife depuis peu, avait vraiment envie de plein-air : «ºJ’avais vraiment hâte de faire ma première sortie en canot-camping, et qui plus est à Yellowknife. Je voulais voir comment ça se passait, l’organisation derrière tout ça.º»
Lors d’une réunion préparatoire en début de semaine, les participantes ont décidé ensemble de leur destination, des conditions de l’expédition et des horaires, et elles ont mis au point une liste des affaires à emporter. Le jour venu, au lac Prelude, une fois les canots chargés du matériel et de la nourriture, Catherine Mallet a expliqué les six gestes essentiels du canotage, et décrit la configuration des embarcations pour assurer la stabilité des chargements. Elle n’a pas oublié d’expliquer les différentes utilisations de la pagaie pour communiquer une fois sur l’eau quand la voix ne porte pas.
Nos francophones se sont ensuite élancées sous le beau soleil ténois, direction River Lake. L’eau calme était idéale pour répéter les gestes appris, tourner en rond et s’enfoncer dans les frêles. Le convoi de charme a d’abord suivi une étroite rivière avant de déboucher sur River Lake. Les rassemblements réguliers, canots alignés les uns contre les autres et dérivant au gré du courant, permettaient de faire le point sur la technique et de répondre aux questions. L’ambiance était bon enfant.
Après quelques heures et un arrêt pique-nique sur les rochers, l’installation du camp a donné lieu à de nombreux échanges. Natasha, ayant toujours vécu aux TNO, était impatiente de pratiquer son français : «ºJ’ai pris un cours de français de cinq semaines cet été, et je voulais participer à cette expédition pour pratiquer la langue et faire enfin du canot-camping, ce dont je n’avais pas eu l’occasion depuis longtemps.º» 
L’atelier de filetage de poisson était très attendu. Stéphanie Vaillancourt, qui pêche sur le Grand lac aux Esclaves depuis cinq ans, a patiemment montré aux participantes comment faire les bonnes entailles, couper la tête du poisson, le vider et le fileter en enlevant les os et les arêtes et sans en massacrer la chair! C’est tout un art qui s’apprend dans les fous rires. Aucune arête n’a semble-t-il été signalée lors du dîner de corégones grillés!
Diane Boudreau, autre visage connu de la communauté francophone, s’est fait un plaisir de faire découvrir les plantes identifiées en cours de route, comme le thé du Labrador, les canneberges, les raisins d’ours, le genévrier ou la prêle des bois. Aucun champignon n’a accompagné le petit-déjeuner du lendemain cependant, faute de cueillette productive.
Pour les moins expérimentées, l’encadrement par des professionnelles habituées aux activités en plein air était un soulagement. Le dimanche, les conditions avaient changé et l’eau était assez agitée. DianeºC., originaire elle aussi du Québec, avait des craintes sur ses capacités dans cette situation : «ºJ'avais une seule expérience de canot et elle remonte à plus de vingt ans! Je craignais de ne pas être à la hauteur alors que tout s'est admirablement bien passé.º»
On sait qu’une aventure est réussie quand on n’a pas envie de rentrer à la maison; le sentiment était partagé par toutes, notamment par Diane : «ºJe garde en mémoire la rencontre de ces femmes incroyables, courageuses et tellement pleines de potentiel. Je ne suis pas assez sportive alors je dois parfois me lancer des défis comme celui-ci. J'y ai travaillé la confiance en soi et dans les autres et ce fût une réussite.º»
Le meilleur moment du week-end? Les femmes sont unanimes, c’est la nature qui éblouit toujours, et les aurores boréales, exceptionnelles ce soir-là, resteront gravées dans les esprits. Puis chacune s’empresse d’ajouter qu’elle a adoré faire du canot, monter le camp et se détendre au bord de l’eau, apprendre le filetage de poisson ou encore partager le repas du soir et discuter autour du feu; elles sont contentes d’avoir échangé avec d’autres femmes et se réjouissent de la bonne humeur qui a régné toute la fin de semaine. Mme Gréau espère pouvoir renouveler l’expérience l’année prochaine, voire mettre sur pied une édition hivernale d’Entr’elles. La participation ne devrait pas manquer.

mercredi 14 août 2013

Calgary-Yellowknife, soit 1800km par la route

Ma mission était d'aller chercher la voiture de tous mes désirs à Calgary et de faire la route du retour pendant le week-end; j'étais impatiente car j'étais arrivée à YK par avion l'année dernière. C'est bien de prendre cette route au moins une fois, pour l'aspect mythique de passer le 60e parallèle en voiture, pour observer le changement des paysages et pour bien prendre la mesure du trou dans lequel on va s'enterrer!
Un peu après Enterprise, aux TNO. Grand lac des Esclaves en arrière plan
-j’ai parcouru en 2 jours ce que l’avion a fait en 2h samedi matin;
-le paysage entre Peace River et High Level est chiant à mourir;
-on a beau faire confiance à la voiture qui annonce qu’on peut se rendre à destination avec l’essence qu’il reste, le voyant orange qui s’allume et le décompte du nombre de kilomètres alors qu’on n'a pas vu depuis longtemps un panneau annonçant à quelle distance se trouve la prochaine ville peuvent avoir de graves conséquences psychologiques;
-High Level semble chiant comme la mort;
Je ne sais pas pourquoi, le nom me faisait fantasmer, comme d'autres bourgades, Medicine Hat, Grande Prairie, Indian Cabins; pas de quoi franchement.
-je ne suis pas sûre de l’existence de Peace River; je suis arrivée de nuit et suis repartie dans un brouillard à couper au couteau;
-le comble du road trip en Alberta serait de tomber en rade d'essence entre Peace River et High Level;
-c’est quand il y a du brouillard que les biches et les renards choisissent de traverser la route;
-j’ai testé mes phares, mes essuie-glaces, la clim, le cruise control en Alberta; aux TNO c’était plutôt la suspension et la direction; ah et les freins aussi, à cause des bisons nonchalants sur la route, des espèces de grues hésitantes (on traverse? on traverse pas? on attend?  aaahhhrrrrgghhh une voiture, demi-tour!), et des écureuils suicidaires;
-dans le Nord de Alberta, c’est tellement plat que les couchers de soleil semblent ne pas finir;
-en achetant la voiture, j’avais une garantie d’échange de 7 jours ou 1000 kilomètres; je n’y avais plus droit dès le soir de mon achat tellement j’habite loin; 
-c'est fou ce que la pellicule d'insectes morts peut coller au pare-brise après une telle distance; 
-niveau paysage, c'est plutôt simple: c'est très plat entre Calgary et Edmonton, vallonné jusqu'à Peace River, chiant re-plat après Peace River;
-plus on monte vers le Nord, moins il y a de feuillus et d'herbe verte et plus les conifères dominent;
-au centre des visiteurs du 60e parallèle, on offre du café et du thé gratuits, et des exemplaires empaillés de mammifères iconiques du Nord y sont présentés; on peut même obtenir un certificat faisant état de son incursion au Nord du 60e;


vendredi 9 août 2013

Fort Smith, ses rapides, ses pélicans, ses bisons


Les jeunes de Yellowknife avides d’aventures et d’activités en plein air le portent tous, le t-shirt du Paddlefest 2012 arborant un mini-van transportant des kayaks sur son toit en route pour cette célébration du kayak à Fort Smith; cette petite ville des TNO est située à l’est et au sud de Yellowknife, à la frontière avec l’Alberta. Il me fallait ce t-shirt. Et le Paddlefest, même si je ne fais pas de kayak, semblait une bonne occasion de découvrir le coin, qui m’attirait surtout pour le parc national Wood Buffalo et ses merveilles. Le parc est le plus grand du Canada et avait été créé pour protéger la fragile population de bisons à l’époque. En plus, la plupart des copains y allaient, ça promettait d’être animé!
Les Mountain Rapids sur la rivière des Esclaves
Le week-end dernier comptait 3 jours avec le lundi férié pour-on-ne-sait-plus-quelle-raison, et il fallait bien ça pour faire la route (740km entre Yellowknife et Fort Smith) qu’on a avalée en 8h30 après le boulot vendredi soir, même avec un canot sur le toit et malgré les routes de gravier. Bilan, Fort Smith est une bourgade bien agréable, le Paddlefest un événement à ne pas manquer au moins pour la bonne ambiance qui y règne, et la région est vraiment belle, un changement verdoyant bienvenu par rapport à la roche pratiquement nue de Yellowknife. Seul point noir, les organisateurs ont changé le motif du t‑shirt cette année qui arbore les méandres de la rivière des Esclaves (ceci-dit, il est vraiment chouette)! Bien fait pour moi.
Le site du Paddlefest est installé sur des rochers devant les Mountain Rapids; l'avantage, c'est que les moustiques ne s'aventurent pas au bord de l'eau tumultueuse et c'est tant mieux! Pendant l'événement, il y a des compétitions de kayak, des courses à la nage dans les rapides, des ateliers pour apprendre à esquimauter, un feu pour faire griller des saucisses et du bannock (pain autochtone), des tours de rafting, etc. On peut aussi se prélasser sur la plage et observer les pélicans pendant des heures! Les organisateurs ont même loué une salle pour le party du samedi soir; à Fort Smith, 2500 habitants, on peut danser sur les derniers tubes jusqu'au milieu de la nuit...
Cuisson du bannock (farine, lard ou graisse végétale, levure, eau) sur le feu
Pine Lake

Le lendemain, l'objectif était de s'enfoncer un peu plus dans le parc national, direction Pine Lake, un lac très bleu au milieu de la forêt boréale. 60km sur une route caillouteuse, ça nous a coûté un pneu à plat le lendemain, mais heureusement, on s'en est bien sorti. Arrivés au lac, le site et la plage paradisiaques sont déserts. Il y a anguille sous roche, ou baleine sous caillou. Effectivement, après nous être mis en maillot et trempés les pieds, nous avons été assaillis, dévorés, agressés, énervés, piqués, re-piqués et re-re-piqués par une horde de moustiques et de taons! Ils nous suivaient même sur l'eau. Seule solution, prendre le canot pour se réfugier au milieu du lac (plus ou moins turquoise en raison des algues qui y poussent).
 
Le lac a été formé par des dolines; l'eau est peu profonde au bord, puis la pente devient abrupte en quelques mètres

Le 3e jour, après avoir trouvé une bonne âme pour réparer notre pneu en ce jour férié et profité du petit-déjeuner de pancakes organisé au musée, nous avons repris la route en faisant un arrêt aux fameuses plaines salées du parc. Alex ayant fait les frais d'une tenue estivale la veille, nous étions prévenus: armure intégrale contre les maringouins fortement recommandée! Les salauds m'ont eue aux coins des yeux, entre ma capuche, mon bandana et mes lunettes, il faut admirer leur motivation. Le paysage était époustouflant et surtout inattendu, style grandes plaines du far west
Fort Smith vaut bien le détour et mérite plus de 3 jours; assurez-vous d'avoir un vrai pneu de secours et de l'antimoustique bien chimique, ou mieux, enroulez-vous dans une moustiquaire si vous sortez dans les bois.

Oui, c'est bien du sel!
Traces de bisons

jeudi 1 août 2013

Au revoir mon truck!

Au revoir mon truck, tu vas me manquer! Merci pour ce superbe hiver passé avec toi: tu as toujours démarré, tu ne m'as pas laissée en rade, tu m'as gardée au chaud, et tu m'as emmenée voir les aurores boréales. Ce qui va me manquer, ce sont tes rétroviseurs manuels en métal, ton démarrage tout en fumée et ta longue période d'échauffement le matin, tes suspensions rebondissantes mais agréables, ton siège arrière étroit, ta boîte qui me servait de dépotoire à recyclage et surtout, tes jolies lignes roses. En te souhaitant une belle et longue continuation,
Carole.
Photo par Vincent Demers

mardi 9 juillet 2013

Un week-end dans les Rocheuses

À Canmore
Je commence à avoir l’Alberta dans la peau, et pas seulement à cause de mes marques de soleil, de mes piqûres de moustiques, de mes éraflures et de mes bleus. Cette province offre de superbes paysages et les Albertains sont vraiment sympathiques. Quand on a goûté aux Rocheuses, l’envie d’y revenir se fait pressante.

Moins d’un an après mon périple en camping-car avec les parents, me revoilà au pays des cowboys le temps d’un week-end prolongé; sur un coup de tête, Florence et moi avons décidé de nous retrouver à Calgary pour une virée dans les montagnes. Banff étant à 1h30 à peine de Calgary, il y a moyen de bien en profiter en partant juste 3 jours.
Parfois, les attractions touristiques ont du bon; surtout quand vous vous êtes levé à 4h30 pour prendre un avion avec une compagnie qui a perdu vos bagages; donc, on a opté pour les sources thermales de Banff. Et pour être sûres de bien en profiter, on s’est fait faire un massage avant, détente absolue. L’eau de la source provient de la faille du Mont Sulphur le bien nommé et atteint 40 degrés. On était plutôt bien installées, assises avec un jet d’eau dans le dos face aux montagnes. La piscine a été évacuée quand les coups de tonnerres et les éclairs se sont rapprochés et on a eu droit à un magnifique arc-en-ciel.
Banff Upper Hotsprings
Quand on est dans la région, il ne faut pas oublier de goûter la bière locale de Canmore de la brasserie The Grizzly Paw Brewing Company.
The Big Beehive
Après une nuit trop courte, on s’est élancées vers le secteur de Lake Louise; à cause des inondations, il y avait pas mal de sentiers fermés autour de Banff, et je voulais absolument que Florence découvre les lacs turquoises et laiteux du coin. On en a pris plein les yeux et plein les jambes. On a couvert une bonne partie du secteur en parcourant 12km : le bord du lac Louise, le lac Agnes, Little Beehive et Big Beehive. On a vu de superbes fleurs (Indian paintbrush, etc.) et une grosse marmotte affalée sur un rocher en plein soleil, et on a observé, bouche ouverte et bras ballants de surprise, des avalanches se décrochant d’un glacier dans la plaine des six glaciers avec un bruit semblable aux roulements de tonnerre. Il faut dire que nous ne sommes qu’au début de l’été et que nous avons même marché dans la neige autour du lac Agnes.
Lake Agnes

Nous avons terminé les pieds dans l’eau (merci les nouvelles chaussures de rando étanches) pour retrouver le lac Louise dont l’eau avait considérablement monté. Cette magnifique journée s’est achevée par un épais et juteux steak AAA de l’Alberta pour Florence et par un plat végétalien pour moi au château Lake Louise.

Le lundi, avant de repartir vers Calgary pour reprendre nos avions respectifs, nous avons fait une balade à cheval de 3h à Banff. Mon compagnon à crinière rousse s’appelait Ruff, et il ne pensait qu’à grapiller des herbes et des plantes et reproduisait dans la seconde chaque geste du cheval devant moi. Nous avons longé la rivière Bow avant de nous enfoncer dans les bois sur les pentes du Mont Sulphur; la balade était assez technique avec des passages de cours d’eau et de zones boueuses et rocailleuses, là encore à cause des inondations de la semaine précédente. La balade a été bercée par les histoires de notre guide et cowboy aguerri, Gary, qui nous a même poussé la chansonnette. 
L’Alberta on y serait bien restées; le seul corridor Canmore‑Jasper offre une source inépuisable de balades pour tous les niveaux. En tous cas, la pub avait bien raison, la montagne, ça vous gagne!