J'ai enfin réalisé ce rêve que j'ai nourri depuis 2 ans! Beaucoup de français en rêvent lorsqu'ils viennent au Canada: faire du traîneau à chiens, ou du chien de traîneau comme on dit chez nous. Moi, ça ne m'avait jamais traversé l'esprit. Je pensais que c'était un cliché de touristes et j'avais bien constaté en arrivant ici qu'on ne se déplaçait pas comme ça!
Mais après avoir lu un article dans le journal, j'en ai eu envie: un goût d'aventure, une activité sportive, de beaux paysages, des chiens magnifiques à câliner, il ne m'en fallait pas plus! J'ai essayé d'aller en faire en mars 2007 mais la météo n'était pas de mon côté; idem à noël quand mes parents sont venus, il a plu toute la journée où on avait réservé. Frustrée, j'avais décidé il y a quelques semaines que j'irais cette année. Voilà c'est fait, après quelques semaines d'attente et beaucoup d'espoir pour avoir la météo de mon côté, je suis partie au Nord de Toronto avec mon copain George.
Le cadre: la forêt d'Haliburton, au Nord-Est de Toronto, juste au Sud-Est du parc Algonquin à 3h30 de route.
Le deal: un forfait demi-journée avec attelage des chiens et balade dans la nature, le tout pour quelques heures de bonheur.
Tout d'abord, quelques explications de la part du guide. 5 chiens et 2 personnes par traîneau. George commence par guider, et moi par poser mes fesses dans le traîneau (je tiens à dire que par -20 degrés, c'est pas le passager qui a la position la plus agréable). Le guide reste debout derrière le traîneau les pieds parallèles posés sur les patins du traîneau; il freine en appuyant sur une barre transversale en métal munie de crochets qui s'enfoncent dans la neige. Pour partir, il crie "hike" en poussant un peu le traîneau pour encourager les chiens; pour s'arrêter il crie "wow" en freinant; et puis pour recentrer les chiens distraits qui regardent le paysage ou vont sentir des trucs sur les côtés, il faut dire "no by"; et pour les empêcher de mastiquer la corde, "no chewing".
Devant le traîneau, la "gangline", corde principale, doit être bien tendue. Pour la préparation je tends cette corde pendant que les guides harnachent les chiens. Puis je tiens fermement les harnais pour pas que les chiens partent dans tous les sens. Et les huskies mes amis, ils ont beaucoup de force. Comme nous étions nombreux, environ 8 traîneaux donc au moins 40 chiens, toute la procédure a pris pas mal de temps parce que certains chiens se battaient et il fallait respecter l'équilibre des équipes. J'avoue qu'entourée d'une dizaine de chiens surexcités, de chiennes en chaleur et de mâles bagarreurs, je n'en menais pas large. Plus le moment du départ approchait, et plus ils commençaient à sauter partout, à se mordre et à aboyer comme des loups.
Nous sommes enfin partis pour une balade d'environ 11km.
Impressions? Quelques points négatifs...D'abord, le romantisme associé à l'aventure disparaît dès le départ, parce qu'en fait lorsqu'on est sur un traîneau, c'est le même principe que dans une calèche tirée par des chevaux: on voit surtout leur cul et ils font leurs besoins tout au long du trajet, ce qui dégage des odeurs fort désagréables surtout quand on se trouve dans le dernier traîneau... Mais c'est la nature, donc on ignore cette petite montée de nausée et on admire le paysage. Nous étions également trop nombreux et nous devions nous arrêter souvent. Je pense que les personnes de devant s'arrêtaient pour prendre des photos, résultat nous n'avons jamais glissé 1/4h non stop.
À part ces quelques désagréments, nous avons passé 1h40 sur les sentiers, ce qui m'a paru bien trop court!
Les paysages étaient magnifiques et malgré le froid j'ai adoré. Au retour nous avons traversé un lac, et de voir tous ces traîneaux avancer sur le lac gelé, silouhettes noires sur la neige éclatante en plein soleil, j'avais l'impression de regarder un documentaire sur Jack London et le grand Nord!
J'ai trouvé les chiens superbes et vraiment gentils. Ils s'en foutent un peu des gens, ils ne cherchent pas vraiment les caresses et regardent droit devant eux. On sent qu'ils n'attendent que le départ et ils ont une énergie débordante. Ils se tournaient vers nous seulement lorsqu'on s'arrêtaient, déçus manifestement de ne pas pouvoir filer à toute allure. Je recommande vivement cette aventure à tous ceux qui aiment la nature et les animaux. Guider un traîneau hors compétition est vraiment accessible à tous; il faut courir de temps en temps quand ça monte et crier bien fort pour que les chiens écoutent. J'espère bien refaire du traîneau à chiens un jour, plus longtemps et par des températures plus agréables.
Si ça vous tente, voilà le site de Winterdance : http://winterdance.com/