Je l'avais bien dit à Shawn l'été dernier: la prochaine fois qu'on retourne au parc Algonquin, je veux qu'on y aille avec des copains, je ne veux plus me retrouver à deux dans les bois épais à la proie des ours affamés. Cette année, nous avions prévu de partir avec un couple d'amis anglophones amateurs de sport et de nature, j'étais donc rassurée. Mais voilà que la déesse de la fertilité s'en est pris à nos amis qui attendent donc un heureux évènement pour l'automne. Comme il n'est pas vraiment recommandé de traîner un canoë pendant 3 jours quand on est enceinte de 5 mois, ils ont préféré rester chez eux. J'étais bien sûre heureuse pour eux, mais franchement déçue de repartir en duo dans la forêt. Maintenant que nous sommes rentrés vivants, je peux vous dire que j'ai passé un weekend incroyable malgré tout!
Nous sommes partis jeudi soir, direction le parc Algonquin dont je vous ai maintes fois parlé et où nous sommes arrivés vers 22h (après avoir passé 2h à nous extirper de Toronto), comme d'hab dans le noir pour monter la tente, montage que nous maîtrisons donc plutôt bien les yeux fermés. Dans les sanitaires (nous avons passé la 1ere nuit dans un camping), un petit mot affiché sur la porte me glace le sang avant d'aller me coucher: "Bear sighting, be extra careful when packing your food, " blah blah blah... Super. J'enfile mes boules quiès en priant pour que Shawn ne me réveille pas en pleine nuit, m'arrachant une boule quiès d'une oreille pour me hurler, "run, run for your life now! beeeaaarrrrr!"
Je survis à la première nuit.
Vendredi matin, après un "Hungryman breakfast" tenant au corps toute la journée, nous chargeons le canoë et partons vers notre campement dans l'intérieur du parc. Alors quand on part dans l'intérieur comme ils disent là-bas, il ne s'agit pas de camping sauvage, parc provincial oblige, l'activité humaine est contrôlée. Il faut s'enregistrer auprès des rangers, donner son nom, payer un permis, indiquer le numéro de sa plaque d'immatriculation, etc. Un campement est réservé dans une certain zone, mais l'espace de camping lui-même est à choisir sur place: on applique donc la règle du premier arrivé, premier servi. Nous avions donc réservé un espace sur Joe Lake, mais avions en tête d'occuper l'un des deux campements situés sur une île.
Cette année, je suis plutôt fière de nous. Le fiasco d'il y a deux ans est loin derrière nous (rappelez-vous le canoë renversé, pris dans les rapides, les 6 sacs d'équipement et le bois trempés, l'invasion de moustiques, l'orage, le retour chez les beaux parents et le voyage raccourci). 1ere regle: s'arranger pour que tout rentre dans un sac a dos chacun et eviter les paquets inutiles; 2e regle: ne pas compter sur le feu de bois pour se nourrir; 3e regle: s'equiper pour affronter la pluie. Mission accomplie grâce à MEC, une sorte de Décathlon canadien. Nous avons investi dans un réchaud, sans oublier la bombone de gaz et la popote; nous n'avons pas oublié les bâches, une pour le dessous de la tente, et une pour le dessus; nous avions également une mini-hache, des k-ways, le strict minimum en vêtements, et pas mal de petits gadgets qui nous ont bien aidé (bon, pas la couverture de survie, mais on ne sait jamais!).
Nous sommes partis tout guillerets en direction de notre site. Comme le campement en lui-même n'était pas réservé, c'était un peu la course pour obtenir les meilleurs campements. Nous avons pagayé près de 2h, avec un seul portage assez court. Arrivés près de l'île, il y avait environ 5 canoës à la recherche de sites. Heureusement, ne sachant pas de quel côté serait le site, nous avons pris à droite pour ne pas faire comme les autres et sommes arrivés les premiers au site que nous voulions. Nous avons passé quelques heures à installer notre tente et nos affaires et à parcourir l'île pour trouver du bois.
La bonne surprise concernait les toilettes. Une grande caisse en bois, réservée à notre usage, est en fait installée un peu plus loin dans les bois; un trou est découpé dans celle-ci et elle est dotée d'un couvercle. Un peu surprenant au début, mais plutôt sympa quand on s'y habitue.
Nous n'avons pas pas fait grand chose de nos journées; nous nous sommes reposés, nous sommes préparés de petits repas (bouffe déshydratée en sachets, pas mal à part les pancakes), nous avons joué au frisbee et nous sommes promenés en canoë sur d'autres lacs. Le meilleur moment c'était le soir. Nous allions faire le tour de l'île en canoë pour admirer le coucher du soleil, et on n'a pas été déçus. Ensuite, c'était l'heure d'observer les étoiles; la nuit était incroyablement sombre et le ciel dégagé;
Nous sommes rentrés le dimanche après-midi sous un ciel menaçant. On a bien cru avoir de l'orage en plein milieu d'un lac mais on a juste eu une grosse averse; lorsque le ciel est noir, l'eau le devient aussi et la situation devient vite menaçante. Mais comme nous étions accompagnés d'une dizaine de canoës se dirigeant vers la base, l'ambiance était plutôt bon enfant.
C'était donc un super weekend qu'on ne manquera pas de recommencer l'année prochaine, avec une bande de potes cette fois ;)
Quelques liens:
Le parc Algonquin - http://www.algonquinpark.on.ca/
Le Portage Store pour louer l'équipement; bon point de départ - http://www.portagestore.com/