À mon arrivée, mon coloc demande au copilote s'il peut me montrer le cockpit pendant le vol; réponse positive (Même si ça n'est pas toujours rassurant de voir le cockpit quand on a peur en avion, mais après avoir fait un petit vol en hélicoptère il y a 2 semaines, j'avais décidé de ne pas avoir peur.) Pas de billet, pas d'enregistrement de bagage, pas de fouille. L'aviation vintage jusqu'au bout. Si tu veux, tu peux laisser ta valise pour qu'elle soit transportée à bord, à l'arrière de la cabine caché par un rideau. Et puis c'est l'heure. Je me dirige vers ce superbe avion auquel on accède par un petit escalier; je m'attends presque à voir une hôtesse de l'air au look pin-up des années 50 m'accueillir. Buffalo Joe, pilote et président de la compagnie, et figure emblématique de l'émission télé Ice Pilots, s'approche du DC-3. C'est lui qui pilote la plupart des vols effectuant la liaison passagers avec Hay River. Mon coloc confirme avec lui que je pourrai voir le cockpit. Joe répond que oui, une fois qu'on sera à l'altitude de croisière.
À bord, pas de chichi. La carlingue est brute. La déco vintage bien sûr, les sièges en skaï. Vert. Les hublots sont carrés. Carrés. Et les fenêtres, et bien, on y voit pas trop au travers; le matériau est vieux et rayé. C'est juste génial. Le steward nous dit de mettre notre ceinture, puis il va s'assoir à l'arrière. Ensuite, la bête se met en marche, les hélices tournent bien, et on se déplace vers la piste. On décolle vite, et j'ai une impression de légèreté, comme à l'atterrissage. Je m'attendais à plus de lourdeur, mais c'est doux et ça rebondit, un peu comme dans mon truck!
Au-dessus du Grand lac des esclaves gelé |
J'apprends que tous les cadrans sont utilisés; on a l'impression qu'il y en a beaucoup, mais ils sont en double, une série devant chaque pilote. Le "volant" sert à diriger les ailes, et les pédales le gouvernail, la queue, quoi. De temps en temps, le pilote tire sur une barre au sol ressemblant au frein à main de nos voitures. Si j'ai bien compris, il explique qu'avec les changements de température, les roues ont un peu de jeu et on tendance à descendre, donc il faut les remonter de temps en temps, sinon c'est sûr, ça va moins vite si les roues pendouillent ;-) Je suis surprise par une sorte de hublot au"plafond"; on m'explique qu'à l'époque, pour les vols de nuit, on utilisait cette fenêtre pour la navigation astronomique (par les étoiles). Je remarque aussi le petit support en plastique sur le "tableau de bord"; il sert à fixer la caméra de Ice Pilots; parfois, il n'y a pas de place à bord pour les cameramen. En plein soleil, je commence à avoir vraiment chaud. Je demande comment ils font en été; il me répond qu'ils volent avec la vitre ouverte! On vole si bas parce que l'avion n'est pas pressurisé; pas de pressurisation, pas de problème pour ouvrir les fenêtres! Joe passe dans la cabine une ou deux fois pour vérifier quelques boutons. Il ne veut pas reprendre sa place.
La petite fenêtre pour naviguer en s'aidant des étoiles |
Nous atterrissons en douceur au minuscule aéroport de Hay River et Joe me tape la causette en arrêtant son avion. Il se plie à une petit séance photo en descendant avant de me serrer la main. Quel vol mythique! Ça donne presque envie d'être pilote. Presque. En tout cas, je ne suis ni pilote, ni mécanicienne, ni férue d'aviation, mais je suis sous le charme du DC-3. Il va falloir trouver des excuses pour aller à Hay River maintenant...
Joe McBrian en personne! |