dimanche 20 avril 2008

À la recherche du temps perdu...

Rachel, Florence et moi
Depuis quelques temps je cours les antiquités. Je sais, ça fait mamie de dire ça, mais il faut bien l'avouer, j'adore. C'est pour moi l'occasion de passer le temps, de découvrir des coins de l'Ontario (les art and craft shows ne sont qu'un pretexte pour vadrouiller dans la campagne, trouver un charmant village, s'attarder à la boulangerie et au pub du coin, etc.) et de faire de véritables trouvailles pour meubler mon apart à moindres coûts. Quand je parle d'anitiquités, je ne parle pas bien sûr de commode Louis XV. Canada oblige, on parle d'antiquité quand l'objet a plus de 50 ans. C'est de la récup quoi. Depuis l'an dernier, j'ai acheté: un coffre en bois style pirate, un appareil photo, un bureau d'écolier (avec encrier, siège et tablette reliés l'un à l'autre), un rocking chair, un meuble pour conserves (à poser sur un buffet), un vieux sceau en bois servant à ramasser des fruits, une lampe à huile et dernièrement, une machine à coudre Singer de 1920. Il faut vraiment qu'on déménage dans un deux chambres, c'est au programme.
Tout ça pour dire qu'au cours de ces périples, on découvre de jolis endroits. Il y a quelques semaines, on s'est retrouvé à Glen Williams, petite bourgade agréable dotée d'un pub, d'une boulangerie, de magasins d'antiquités...

Après avoir dégusté des pecan and nuts pie, lemon pie, chocolat chaud et autres delicacies, nous sommes parties à la recherche des Badlands, une colline tout droit sortie de Mars ou de la lune, avec de la terre rouge.

Les badlands, même terme en français, appelés aussi roubines chez nous, désignent un terrain dépourvu de végétation et où le ruissellement important a contribué à la formation de profondes ravines. Il s'agit en fait d'une colline assez petite située juste au bord de la route. La roche est en fait tendre, comme de la terre, et sa couleur rouge vient de l'oxyde de fer.

C'était donc un endroit plutôt étonnant à découvrir. Entre parenthèses, c'était la première journée de la saison où il faisait bon et où on a pu laisser les manteaux dans la voiture! L'hiver a été super long et enneigé, on est content d'en voir la fin. Cette semaine, il a fait beau tous les jours avec environ 20 degrés. Pourvu que ça dure!

mardi 4 mars 2008

L'appel de la forêt - Traîneau à chiens, épisode 2

J'avais bien précisé dans mon avant-dernier post que je m'étais sentie frustrée après seulement 2h de traîneau à chiens? Et bien je me suis lancée. Je suis partie 3 jours avec un organisme qui met sur pied des séjours axés sur la nature, l'aventure et l'environnement. Mon forfait comprenait 1 jour et demi de traîneau à chien, 1/2 journée de raquette, le logement dans un chalet écologique, les repas, etc.
Je suis partie le vendredi matin, embarquée dans un gros van en compagnie d'une autre personne par l'organisateur et propriétaire de Call of the Wild, Robin. Nous avons roulé vers l'est puis le nord, direction la pointe sud-est du parc Algonquin. Au lieu de rendez-vous, nous avons retrouvé les autres membres de notre groupe, nous étions donc six au total.

Brad, notre musher, est arrivé en début d'après-midi avec ses 28 huskies de type Alaska. Nous avons été surpris par leur taille. Ils sont différents des huskies de Sibérie qu'on a en tête quand on pense à ce sport. Ils sont assez petits, fins et ont une silouhette un peu courbée comme les lévriers. Nous avons appris à leur mettre leur harnais et à les attacher aux traîneaux. Nous étions donc 2 par traîneau avec une équipe de 7 chiens.
Nous sommes partis en allant assez vite et les chiens étaient vraiment excités. Brad a estimé que cet après-midi là, nous avons couvert environ 30km, soit entre 10 et 15km/h. Il ne faisait pas trop froid, mais peu importe s'il fait -20 ou -5 degrés et que l'on est passager, on finit par avoir froid. Nous avons donc régulièrement alterné pour ne pas trop grelotter. En plus il neigeait et pour diriger le traîneau ce n'était pas évident avec les flocons dans les yeux.

J'ai réalisé que le traîneau à chiens n'était pas seulement une longue glissade amusante mais un sport technique et parfois dangereux. L'un de mes chiens a été blessé peu après le départ et j'ai eu beaucoup de peine. Même si on contrôle un minimum à l'aide du frein, on est en fait dépendant des chiens et de leur tempérament et on peut se faire très mal si on perd le contrôle sur eux, si on négocie mal un virage ou une descente; les chiens effectuent un travail intense et difficile et peuvent aussi être victimes de blessures. Le tout consiste à rester concentré et à ne jamais lâcher la barre de direction.
Nous sommes arrivés près du chalet peu avant le coucher du soleil et nous avons préparé les chiens pour la nuit. Il a fallu enlever leurs harnais, les attacher à un câble tendu et étaler de la paille.

Il était ensuite temps de découvrir le chalet et nos chambres. Il est situé au bord d'un lac, est construit tout en bois et n'a pas d'électricité. Tout est alimenté en bois, et par un générateur quelques heures par semaine. La grande pièce commune est chauffée par un vieux poële, meublée de canapés confortables et de grandes tables en bois. Quand la nuit tombe, il est temps d'allumer les bougies pour une atmosphère très cosy.

Deux jeunes hommes se sont occupés de nous avec Robin ce weekend. Ils cuisinaient super bien: on a eu des fajitas, des gâteaux, des lasagnes, du pain à l'aïl, de la salade, des pancakes, omelettes, etc., le tout fait maison. Le soir, nous avons discuté, lu, joué à des jeux de société, etc.
Le samedi matin, j'étais levée à 7h et j'ai retrouvé Brad qui était en train de nourir les chiens. Au menu, viande hâchée mélangée à des croquettes et à de l'eau. Apparemment ça leur a plu. J'ai réalisé que quand les chiens sautaient sur moi, c'était pour faire un calin. Brad m'a dit de les laisser faire et en effet, ils mettaient leurs pattes autour de ma taille.

Nous avons à nouveau attelé les chiens aux traîneaux et nous sommes partis pour la journée. Il avait neigé pendant la nuit et on s'enfonçait pas mal. À un moment donnée, nous avons coupé dans la forêt par un sentier étroit où la neige n'avait pas encore été foulée. les chiens s'enfonçaient jusqu'aux genoux et la neige s'empilait sur le traîneau.

Nous nous sommes arrêtés pour déjeuner et nous avons fait un feu dans la neige après avoir récupéré du bois mort. Nous avons pu faire griller nos sandwiches et boire du chocolat chaud et de la soupe.

En fin d'après-midi, il était temps de dire aurevoir aux chiens et à Brad.
Arrivés au chalet, nous avons profité du sauna et du jaccuzzi installés dehors au bord du lac. Mise au défi, j'ai réussi mon premier "polar bear dip", ou plongeon de l'ours polaire, dans un trou creusé dans le lac à travers la glace (tellement épaisse qu'il faut une tronçonneuse)... Méthode: mijoter un bon moment dans le jaccuzzi à 40º; une fois bien réchauffé, courir sur la neige, se jeter dans l'eau, ressortir au plus vite et replonger dans le jaccuzzi. Sensations: pieds nus, la neige glisse encore plus, l'eau est tellement froide qu'à la rigueur on sent plus rien, et au retour dans le jaccuzzi, des centaines d'aiguilles semblent s'attaquer à la peau. Heureusement, après 30 secondes, on se sent déjà mieux. La preuve en images:

Le soir, nous avons marché jusqu'au milieu du lac pour appeler les loups. Une meute vit près du chalet et répond souvent aux appels. Nous avons pas eu de chance de ce côté-là, mais nous avons pu observer les étoiles et la voie lactée.

Le dimanche, nous avons chaussé des raquettes et nous nous sommes promenés autour du lac hors sentier. Nous nous enfoncions jusqu'aux genoux tellement il y avait de neige. Nous avons pu observer plein de traces d'animaux: biches, loups, loutres, traces de piverts et de nombreux autres. Au milieu du lac, j'ai fait mon premier "snow angel". Mode d'emploi: s'allonger sur la neige, bras et jambes écartés, faire des mouvements de ciseaux en essayant de toucher ses mains et ses pieds, se relever sans faire d'autres traces; résultat, la forme d'un ange est dessinée sur la neige. La preuve en image: (à venir)
J'ai passé un des meilleurs weekends de ma vie, loin de la ville, sans électricité, sans téléphone, sans voiture, dans un confort rustique. J'ai adoré le contact avec les chiens et les promenades en traîneau, vraiment une activité que j'espère pratiquer chaque année.

Pour en savoir plus sur le weekend, rendez-vous sur http://callofthewild.ca/

samedi 2 février 2008

Le bilan des 4 ans

2 février 2004-2 février 2008. Quatre ans que je suis là et je n'en reviens pas que ça fasse déjà si longtemps. Et pourtant c'est bien ça...un an de Programme Vacances-Travail, un an de permis de travail temporaire avec un job stable, un an de galère de visas et un an de résidence permanente et de stabilité à nouveau. Comme je ne l'ai encore jamais fait, je pensais établir un petit bilan récapitulant mes pensées sur le Canada. Ceci n'engage que mon opinion bien sûr.  

Points négatifs:

  -Le système de soins de santé. Franchement c'est pas rassurant; certes la visite chez le médecin, les urgences à l'hôpital et les médicaments de base sont gratuits, mais j'ai l'impression qu'en contrepartie on reçoit un service de mauvaise qualité et peu d'attention de la part du personnel soignant. Quand on va chez le médecin, on bénéficie d'un service; en tant que tel, on traite les symptômes à l'origine de la visite, on distribue des médocs à la volée, on passe peu de temps avec le patient, et on ne fait donc pas de prévention. Il y a trop d'intermédiaires entre le patient et son médecin: on raconte son histoire à l'accueil, puis à l'infirmière qui à son tour transmet les données au médecin qui ne passe que quelques minutes avec le patient. Je n'ai pas encore établi de relation de confiance avec un médecin ici et je sais que personne ne me connaît bien; je sais que mon médecin n'a pas mon historique médical en tête quand il me voit. Le plus agaçant, c'est les soins qui sortent du cadre de la médecine générale et qui nécessitent une bonne mutuelle. Le plus voleur de tous c'est le dentiste. 65$ la visite, 150$ le détartrage, 120$ la carie, 1600$ la couronne + nettoyage des racines...Je vais devoir débourser des milliers de dollars pour mes dents, et une grande partie ne sera pas remboursée. 

-La machine à fric. En Amérique, tout est possible. C'est parce que tout est payant. Un mot du médecin pour pas aller au travail? Pas de problème, 10$ l'attestation. Tu veux garer ta bagnole sur la pelouse de ton terrain sur lequel est construite ta maison? Pas de problème, 100$. La ville est sur le point de faire faillite? Pas de problème, on double les droits de mutation immobilière dans 6 mois, et on augmente les taxes foncières de 3,5% dans la foulée, ah et puis pourquoi pas ajouter une taxe sur le ciné, et sur d'autres divertissements? Tiens, pourquoi pas sur les bouteilles d'eau et les poubelles? Mon arnaque préférée du gouvernement ce sont les taxes sur l'essence: les prix à la pompe fluctuent tous les jours, et montent en flèche le weekend et les jours fériés quand les gens se déplacent beaucoup. J'aime aussi beaucoup le prix des bouteilles d'alcool qui prend 20 cents de consigne, alors qu'on ne peut pas ramener les bouteilles vides dans les magasins officiels du gouvernement qui vendent l'alcool pour récupérer la consigne; non, il faut aller dans le magasin qui vend uniquement de la bière, et il n'y en a pas à tous les coins de rue. Une autre arnaque favorite reste la carte de métro qui prend plusieurs dollars chaque année alors que le service est de pire en pire. Cette année, la carte augmente de 10$ PAR MOIS. Et personne ne descend dans la rue, ne boycotte, ne révolutionne, ne lance des pavés, ne fait grève...  

Points positifs:

 -La nature. Quelques heures de route, que dis-je, 1h ou 2, et on se retrouve dans la nature. C'est beau, simple, préservé, varié, assez sauvage. Malgré l'immensité du pays, c'est facile de se déplacer si on a pas peur d'avaler du kilomètre et de passer des journées entières à rouler. J'aime avoir des saisons bien marquées, enfin les trois saisons que je vois ici: été, automne, hiver; le printemps est presque inexistant. Les animaux sont omniprésents; certes je n'ai vu ni loup ni ours (tant mieux), mais même en ville on peut voir des écureils tous les jours, ou des ratons-laveurs, des biches etc... Une sortie-camping et on aperçoit un orignal, un castor, des traces de loups et de loutres, des oiseaux originaux, des faucons, des dindons sauvages. La nature à portée de main, c'est ça le Canada pour moi. 

-L'accessibilité. Le pouvoir d'achat. Il est plus élevé qu'en France. Je n'ai pas l'impression que les salaires sont plus importants ici, pourtant on fait plus de choses. En même temps je n'ai pas trop d'éléments de comparaison vu que j'ai presque toujours mené une vie d'étudiante en France. 

-Les procédures administratives. Que dire, c'est tellement plus facile. On passe certes du temps en salle d'attente mais on perd moins de temps en règle générale. Et ça arrive plus souvent que chez nous de tomber sur un fonctionnaire souriant. Et pour louer un appart par exemple, si tu as les tunes pour payer, pas de problèmes, on va pas te demander les fiches de paie et les avis d'imposition de toute ta famille. 

 -L'esprit citoyen. Les gens sont dans l'ensemble plus sympas ici. Trop polis je trouve d'ailleurs, mais accueillant et respectueux. On se tient la porte sans arrêt, aussi bien hommes que femmes, on se donne la priorité quand on n'est pas sûr de savoir à qui elle revient, on se fait pas de doigt au volant, on fait la queue devant les portes du métro, etc. 

 ****** Je mettrai peut-être ce post à jour si j'ai des choses à rajouter. En 4 ans j'ai quand même fait du chemin. Je suis arrivée seule en pensant galérer pendant 1 an et revenir en France. Puis j'ai trouvé de meilleurs postes et j'ai eu envie de rester et d'en profiter un peu quand même à l'approche de la trentaine, de laisser derrière mois la vie d'étudiante. Quatre ans plus tard, je peux dire que tout va bien. Je me sens bien dans mon pays d'adoption, même si "la maison" ce sera toujours la France. Je me sens parfois partagée entre l'envie de retourner en France et de retrouver une mentalité qui me convient plus et la volonté de rester ici et de faire mon nid. Pour le moment je reste et je profite.