vendredi 23 septembre 2011


 
 Souvent décrit dans les guides touristiques comme l’un des joyaux de la Couronne des parcs provinciaux de l’Ontario, le parc Killarney me faisait envie depuis longtemps. J’y été certes passée avec les parents il y a deux ans à l’occasion d’une courte randonnée de quelques heures qui n’avait fait que me mettre l’eau à la bouche, mais j’avais très envie d’y faire du canoë-camping et de profiter de ses lacs. C’est maintenant chose faite, 4 mois après avoir réservé un emplacement pour 9 personnes. L’équipée de pieds nickelés était composée de 3 français, 2 Québécois et 4 Bretons (aïe j’ai mal!), et on peut s’avancer et dire que les Bretons ont vaincu la malédiction de la pluie qui ruine les weekends (enfin bon, me suivez pas à Vancouver non plus, la ville présente déjà un sérieux handicap…).

À noter nos très bons temps réalisés sur la route, sans bouchons majeurs, ce qui est assez inattendu pour des trajets le vendredi soir et le lundi soir d’un long weekend. Un périple mémorable donc. Aymeric se souviendra sans aucun doute de ses 30 ans célébrés dans le sports bar de Don Cherry à Parry Sound autour de quelques pichets de bière (dans le quartier où ça bouge et où on sort, dixit le concierge de notre motel, une fois qu’on a accepté le concept de quartiers dans une petite ville qui compte une seule rue commerçante).
On ne citera pas les noms de ceux qui n’ont pas lu THE Ultimate Camping List mise au point par Thomas, ni ceux qui n’ont pas remarqué qu’il y a avait TROIS onglets dans le doc Excel, ni ceux qui sont partis un peu vite de chez eux en oubliant quelques affaires, sûrement bien disposées tout près de la porte d’entrée dans la cuisine…

Alors, canoë-camping, mode d’emploi. On choisit d’abord un point d’accès dans le parc, dans notre cas Carlysle Lake au sud (bon, c’est tout ce qui restait quand j’ai appelé, j’avoue); on calcule la distance qu’on peut couvrir en pagayant et on croise les doigts pour que l’emplacement ciblé soit libre. Mais d’abord, il a fallu jouer à Tetris pour répartir le matos et nos affaires perso dans les 4 canoës et le kayak. Facile. On a commencé à réaliser qu’on risquait pas d’avoir faim au cours du weekend. Franchement, qui calcule 5 tartines par personne au petit-déj? Multipliées par 9, puis par 2 jours, ça fait 6 pains, plus du pain pour les sandwichs, et les brioches et bagels rajoutés au dernier moment, nos provisions de pain remplissent déjà le bidon de 45 litres. Par contre avec 50 litres d’eau et 30 degrés dehors, on risque d’avoir un peu soif si on gère mal. Que nenni, les aventuriers ont apporté des pastilles pour désinfecter l’eau du lac, ocazou.  
Après à peine 1h de canoë (ouais, c’est un peu light), nous nous arrêtons au campement de tous nos désirs : le site nº55 sur Terry Lake. Une bande de terre rocheuse surélevée entre deux lacs, couverte de sapins. La vue est superbe, l’emplacement stratégique pour la balade du lendemain, la disposition adéquate pour y planter les tentes. Reste à amarrer les canoës et à monter les affaires, les rochers sont lisses et couverts de mousse glissante dans l’eau et la pente est raide. Mais avec 9 paires de bras, échec impossible. Une fois toutes les affaires montées sur le talus, c’est l’heure du pique nique, c’est qu’avec quelques nouveaux dans le groupe on a une réputation à tenir et du pain à avaler. Certains sont distraits par de nouveaux gadgets (tentes, appareils photo, hamac). Oh surprise, les bretons ont trimé pendant des heures pour préparer des galettes pour tout le monde, ça c’est sympa! Et c’est pas les chipmunks qui diront le contraire... L’après-midi est consacrée aux gros travaux : montage des tentes et de la bâche (toujours la même bâche très pratique, grande comme un terrain de football), collecte de bois mort pour le feu du soir, repérage jusqu’aux toilettes (la fameuse caisse avec le couvercle), reconnaissance des environs. Ensuite c’est baignade et canoë; il fait chaud, l’eau est super bonne.
Oh un explorateur!
Pour le repas du soir, on a le choix entre le byriani de légumes au curry ou les pâtes à la bolognaise, ça rigole pas. Même si on fait un feu parce que le camping sans feu c’est pas vraiment le camping, et aussi pour griller des chamallows, on a préféré apporter de la nourriture sèche et des plats faits maisons mais cuits à l’avance à cause de la chaleur.
Une fois qu’il fait nuit, le ciel est absolument malade! Des étoiles à foison, la voie lactée, pas de nuage : les geeks sortent les appareils photo pour une séance de clichés longue exposition. 
 Le dimanche, on se lève pas trop tard pour faire une randonnée appelée The Crack, la fissure; on embarque nos pique niques et de l’eau pour la journée dans trois canoës; étant trois par canoë, je ne pagaie pas à l’aller, quel bonheur! J’ai juste à parfaire mon bronzage, prendre des photos et râler après ceux qui pagaient, soit trois de mes activités préférées…Après avoir traversé le petit lac au bord duquel nous campons, il y a un portage. Heureusement, on a The Charlator avec nous, il est grand, il est fort, il est têtu et il aime les défis, donc il porte seul notre canoë sur 900 m, sympa. Ensuite on doit traverser un grand lac avant d’arriver au sentier.

Il fait vraiment chaud quand on se met en route. Nous marchons d’abord dans les bois, mais au bout d’un moment, on se retrouve sur des rochers blancs en plein cagnard; ensuite, on arrive littéralement à une fissure entre deux rochers, et on doit carrément escalader des éboulis. On a soif, on a mal et on a très chaud, mais la vue au sommet est absolument incroyable. Pour moi, la plus belle vue en Ontario depuis que je suis arrivée il y a 7 ans et demi : une enfilade de lacs à perte de vue et ces arbres typiques de la baie Georgienne.
 

La descente est périlleuse mais motivée par la baignade qui nous attend. Le soir, c’est assez calme autour du feu, tout le monde est bien cassé. 

Lundi matin, chagrin. Il faut tout plier et partir. Il reste du pain, pas d’eau. Les chipmunks ont pris 100g chacun et ont des provisions pour l’hiver. J’ai totalement déconnecté pendant ce weekend et j’ai repensé aux vacances de quand j’étais petite. Est-ce que c’était le camping? L’esprit de communauté, et donc de famille, du camping? Le paysage un peu méditerranéen? Le hamac? En tout cas, on reviendra, et gare à ceux qui essaieront de s’approprier le site 55 avant nous.

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