Louie's Lounge et sa fameuse vue au Lodge Auyuittuq |
Les noms de lieux en langues autochtones se traduisent par « l’endroit où… »; Iqaluit est « l’endroit où il y a beaucoup de poissons », Inuvik est « le lieu des hommes », Pangnirtung est « l’endroit où il y a beaucoup de caribous ». Pour moi qui n’y ai pas vu de caribous, c’est vraiment l’endroit « où tu restes bouche bée devant le fjord », qui porte le nom du village. L’arrivée en avion est déjà spectaculaire quand on survole les falaises pour faire une boucle au-dessus du fjord et se poser sur une piste de terre dans Pangnirtung. Je ne me lasse pas de la vue. Peu importe où on se trouve dans le village, on voit le bleu de l’eau, le bleu du ciel, et les montagnes qui encadrent le fjord de Pangnirtung, ce fjord qui pointe vers le parc Auyuittuq, « la terre qui ne fond jamais » en Inuktitut.
D’ailleurs, à deux jours près on ne serait pas partis, vu que la glace recouvrait encore le fjord et empêchait le transfert en bateau vers l’entrée du parc. Mais en une journée, toute la glace s’en est allée vers le large, nous a annoncé notre guide à notre arrivée.
À Pang, il y a des voitures, des routes de terre, pas de trottoirs, pas de feux de signalisation, quelques panneaux d’arrêt et beaucoup de piétons et de quads, ou motoneiges en hiver. Les enfants espiègles du village se déplacent souvent en groupes et interpellent ou suivent les quelques touristes, parfois jusqu’au camping où ces derniers peuvent y passer la nuit pour la modique somme de 5$. Notre guide y ayant dormi la nuit précédente avec une partie du groupe nous prévient que certains enfants ont même jeté des pierres sur les tentes; la police est au courant, mais pendant l’été dépourvu de nuits étoilées, les enfants en profitent pour s’amuser le plus tard possible! Ça tombe bien, nous n’avons pas besoin d’y passer la nuit, puisque nous arrivons le matin du 1er juillet, le jour du départ vers le parc.
Nous retrouvons les autres membres de notre groupe au centre des visiteurs du parc Auyuittuq pour une séance d’orientation avant le départ. Pendant près d’une heure, Matthew, un des gardiens du parc, nous donne des conseils, recueille nos noms et coordonnées et nous raconte des histoires d’horreur sur un ton des plus monotones. Nous nous sommes rappelé cette séance plutôt grotesque une semaine plus tard en nous demandant pourquoi nous ne nous étions pas écroulés de rire sur le moment. Malgré les histoires de personnes tombées à l’eau et réchauffées au corps à corps, d’éboulis, de noyade avec personne toujours pas remontée à la surface et sûrement coincée au fond du fjord à cause de son fusil, de pont effondré, de cours d’eau tumultueux, d’ours polaires et de rapatriements, nous avons signé notre « enregistrement » dans le parc. Comme il faut s’enregistrer et se désinscrire avant ou après toute rando à Auyuittuq, nous savions qu’il n’y avait que 2 autres personnes dans le parc à ce moment-là. Soit dans 19 000 km2. Nous avons également dû regarder une vidéo sur les ours polaires et les consignes de sécurité à respecter en cas de rencontre et d’attaque. Il y avait peu de chance d’en voir, mais c’est déjà arrivé. Les ours ont très peu effleuré mon esprit pendant le trek; je ne les imaginais pas du tout dans cet environnement bucolique de tundra recouverte de mousse et de fleurs où gambadaient les lièvres. Ou peut-être était-ce l’effet rassurant de groupe.
Pangnirtung compte environ 1500 habitants à majorité autochtone. C’est une communauté naturelle, c’est-à-dire qu’elle n’a pas été établie par des explorateurs pour exploiter des ressources; la baie sur laquelle le village se situe était peuplée depuis des milliers d’années. Plus récemment, et ce, jusqu’au début du 20e siècle, Pang a été un haut lieu de la chasse à la baleine qui a régi la vie de nombreux Inuits, ainsi que de baleiniers américains et écossais.
À Pangnirtung, on a beaucoup aimé le fait que pour la majeure partie de la population, l’Inuktitut est la première langue; cette collectivité a su préserver sa langue et elle est très fière de ses traditions. Les gens que nous avons côtoyés nous parlaient dans un anglais cassé, mais on se comprenait quand même. Nous avons passé du temps au centre d’accueil des visiteurs du parc, très bien fait avec son exposition sur Auyuittuq; on peut y acheter quelques souvenirs et des livres. Coup de cœur pour le centre des visiteurs Angmarlik qui fait aussi office de musée et de centre communautaire. Nous avons eu droit à une visite guidée impromptue en allant y réserver notre nuit de camping au retour du trek. On y trouve de nombreux objets autochtones, une tente reconstituée en peau et contenant tous les objets et ustensiles utilisés à l'époque et des vêtements typiques, tous les outils servant autrefois à la chasse à la baleine et tellement d'autres choses.
Après une sortie de pêche de l'omble chevalier peu fructueuse, nous avons fait un tour à Pangnirtung Fisheries avant de prendre l'avion pour y acheter quelques filets que nous avons ramenés à la maison. Les prix étaient bien meilleurs qu'à Yellowknife! On fera peut-être une grosse commande avant l'hiver, tiens.
Autre endroit incontournable, le centre d'artisanat Uqquurmiut où on peut voir les tisseuses du village à l'œuvre. Pangnirtung est entre autres connue pour son "Pang hat", un bonnet tissé bien serré avec un pompon:
Il y a beaucoup d'artistes à Pang et on peut se procurer des peintures, gravures, bijoux, sculptures, etc.
À part notre nuit (tranquille) au camping, nous avons dormi au lodge Auyuittuq, le seul hôtel du coin d'ailleurs je crois; je suis peut-être partiale, car j'y ai pris ma première douche après 12 jours de trek, mais cet endroit au calme a beaucoup de charme. Son salon avec vue sur le fjord est tout simplement incroyable; il ne faut pas se laisser abattre par le caractère bougon de Louie, qui gère l'ensemble avec personnalité et efficacité. J'ai même mangé son rôti de porc tellement j'ai pas osé lui dire que j'étais végétarienne! Louie râlait beaucoup, mais il cuisine très bien et je me souviendrai longtemps de son pudding au pain!
La vue de notre chambre |
C'est parti pour le trek avec nos sacs estimés à 25kg chacun... |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire