C'est la matière qui semble passionner Diane avant tout: les matériaux récupérés au gré des balades, les restes de peinture, les métaux rouillés trouvés sur une île, les poils de caribou, les os, une pagaie, des bâtons, etc. Avant de migrer au Sud pour l'hiver, comme les oiseaux qu'elle peint si bien, notre artiste-biologiste Diane Boudreau a décidé de présenter ses œuvres à l'ARCC, un petit récapitulatif tout en couleurs de ses 13 années passées ici.
Une exposition de Diane, c'est comme un voyage culturel à travers les TNO, on y voit beaucoup d'oiseaux du Nord, des lagopèdes, des corbeaux, ou encore des petits chevaliers, mais aussi des paysages d'ici, comme nos lacs, nos îles ou encore nos mines. L'artiste parle volontiers des matières et des anecdotes derrière ses œuvres, comme les longues boîtes de carottes de roches en bois récupérées dans les mines autour de Yellowknife ou le pot en pieds d'oies fait à Inuvik en 2012 ou encore les poupées en peau de poisson réalisées au cours d'un atelier à Rankin Inlet en 2003.
En 1999, Diane est venue rendre visite à une amie à Yellowknife. Sa curiosité était piquée: elle voulait connaître le Nord; elle avait un goût d'aventure à ce moment-là, l'envie d'autre chose. L'année d'après, elle fait le saut. Elle trouve un travail dans un cabinet d'architecte, ce qu'elle faisait déjà au Québec. Mais ce qui lui tenait vraiment à cœur, c'est l'art. Elle avait déjà goûté à l'art scénique au Québec ; c'est là qu'elle avait appris la peinture pour les décors de théâtre, et elle avait beaucoup aimé la texture de cette matière. Travailler sur des projets tard le soir après une journée de travail ne lui suffisait plus, elle avait envie de s'essayer comme artiste à plein temps. C'est ce qu'elle a fait lors de sa deuxième année à Yellowknife, elle a tout arrêté et s'est lancée.
Des projets, Diane n'en manque pas. Elle n'est pas encore dans l'avion qui va l'amener au Québec pour l'hiver (pour prendre soin de sa maman) qu'elle parle déjà des futures peintures imaginées pour l'année prochaine. Diane, j'ai hâte de te revoir dans ton atelier en plein air au coin de la 50e rue et de la 52e avenue, à l'année prochaine!
dimanche 27 octobre 2013
mardi 24 septembre 2013
Poisson fumé, mode d'emploi
Oubliez le saumon fumé orange vif qu'on sert à Noël, voici la truite du Grand Lac des Esclaves fumée à 500m de chez moi. Bon, en fait, c'est pas compliqué, faut du poisson frais... et de la fumée... Stéphanie, pêcheuse de charme en été, a bien voulu me montrer sa technique. Déjà, elle avait pêché un bon paquet de truites 2 jours auparavant. Aussitôt la pêche terminée, et les truites filetées (en gardant la peau), elle a fait mariner les poissons dans leur jus, avec un peu de sel et du sucre. Les recettes varient suivant le pêcheur bien sûr.
Pour le fumage, on dispose les filets dans un fumoir. Il y en a de toutes sortes, traditionnels en bois, électriques en métal, etc. Ici, fumoir système D avec une armoire en métal récupérée; les poissons sont alignés sur des grilles. Ensuite, Stéphanie allume un feu de petit bois, généralement du bouleau dans la région, forcément on n'a pas beaucoup de choix. On peut utiliser des épinettes, mais tout le monde n'aime pas le goût. Sur le feu, elle dépose également une poêle en fonte dans laquelle se trouvent des copeaux humides de hickory (arbre) pour donner de la saveur. Après on ferme la porte et on papote pendant plusieurs heures! That's it. Il faut ajouter du bois de temps en temps, et bien sûr faire tourner les filets d'une grille à l'autre pour qu'ils cuisent tous à peu près en même temps. 4h plus tard, les truites fumées étaient prêtes. Ça, c'est une expérience que je n'aurais jamais imaginé à Bordeaux! Voilà pour moi le goût du Nord: la truite, le whitefish ou l'inconnu pêché et fumé par des gens que je connais.
Pour le fumage, on dispose les filets dans un fumoir. Il y en a de toutes sortes, traditionnels en bois, électriques en métal, etc. Ici, fumoir système D avec une armoire en métal récupérée; les poissons sont alignés sur des grilles. Ensuite, Stéphanie allume un feu de petit bois, généralement du bouleau dans la région, forcément on n'a pas beaucoup de choix. On peut utiliser des épinettes, mais tout le monde n'aime pas le goût. Sur le feu, elle dépose également une poêle en fonte dans laquelle se trouvent des copeaux humides de hickory (arbre) pour donner de la saveur. Après on ferme la porte et on papote pendant plusieurs heures! That's it. Il faut ajouter du bois de temps en temps, et bien sûr faire tourner les filets d'une grille à l'autre pour qu'ils cuisent tous à peu près en même temps. 4h plus tard, les truites fumées étaient prêtes. Ça, c'est une expérience que je n'aurais jamais imaginé à Bordeaux! Voilà pour moi le goût du Nord: la truite, le whitefish ou l'inconnu pêché et fumé par des gens que je connais.
dimanche 15 septembre 2013
Tanya Tagaq au NACC (centre culturel artistique du Nord)
Voilà une performance que je n'oublierai pas. En arrivant dans le Nord, il est une musique qu'on découvre en général pour la première fois, le chant de gorge (chant guttural, haleté, etc.). Il nous vient des femmes inuits, qui le pratiquent traditionnellement en duo. Quand c'est le cas, c'est quelque chose à voir! Les deux femmes se font face et se tiennent souvent par les épaules (sauf celles que j'ai vues car elles tenaient leur micro...). On sent une connivence entre ces femmes et les sons qu'elles produisent sortent d'un autre monde. Passée la surprise (certains sons très gutturaux me font parfois penser à ceux qu'on produit quand on... régurgite en fait), on se laisse aller et porter par notre imaginaire.
Tanya Tagaq est une chanteuse inuit connue pour ses chants de gorge adaptés aux goûts d'aujourd'hui et intégrant des instruments. Elle collabore avec d'autres musiciens, et ses spectacles sont époustouflants. Contrairement à la tradition, elle chante seule.
Le spectacle que je suis allée voir était une diffusion d'un vieux film muet de 1922, Nanouk l'Esquimau, pour lequel Tanya faisait la narration en chant de gorge, accompagnée d'un violoniste et d'un percussionniste. À lire la description, je pensais passer 2h assez difficiles, mais j'ai trouvé le show trop court!
Mon regard allait des images à Tanya, s'attardait sur le film, se reposait sur elle. On pourrait penser qu'il suffit de l'écouter et de regarder les images, mais cette femme est un spectacle à elle seule et on a envie de la regarder. Elle est sensuelle, elle se mouve au gré des sons qu'elle produit et sa gestuelle donne de l'ampleur au chant; parfois, on a l'impression qu'elle devient les images du film: ses muscles saillants rappellent la lutte du morse contre le harpon qui vient casser son élan, ou les vagues de l'océan Arctique qui se brisent contre la glace. Il me semble que ses yeux sont parfois blancs, comme si elle était en transe, et je me dis que sa performance est primale, ou primaire, j'ai presque envie de dire "animale". Et là, je m'aperçois qu'elle est pieds nus sur scène.
Tanya Tagaq est une personnalité très colorée connue dans la région; pas du genre chichi, elle est accessible et se joint à la foule à la fin du spectacle. Je lui dis que je l'ai trouvée magnifique et que sa performance m'a touché, et naturelle, elle me répond qu'elle ovule en ce moment et qu'elle avait super chaud!
Voilà un exemple de chant de gorge avec Illannaat que j'ai vu à Folk on the Rocks: http://www.youtube.com/watch?v=zu0qQexySKc
La page MySpace de Tanya Tagaq: https://myspace.com/tagaq/music/songs
Et le générique d'Arctic Air pour voir ce que ça peut donner une fois adapté: http://www.youtube.com/watch?v=FkXadXsOnbg
Tanya Tagaq est une chanteuse inuit connue pour ses chants de gorge adaptés aux goûts d'aujourd'hui et intégrant des instruments. Elle collabore avec d'autres musiciens, et ses spectacles sont époustouflants. Contrairement à la tradition, elle chante seule.
Le spectacle que je suis allée voir était une diffusion d'un vieux film muet de 1922, Nanouk l'Esquimau, pour lequel Tanya faisait la narration en chant de gorge, accompagnée d'un violoniste et d'un percussionniste. À lire la description, je pensais passer 2h assez difficiles, mais j'ai trouvé le show trop court!
Mon regard allait des images à Tanya, s'attardait sur le film, se reposait sur elle. On pourrait penser qu'il suffit de l'écouter et de regarder les images, mais cette femme est un spectacle à elle seule et on a envie de la regarder. Elle est sensuelle, elle se mouve au gré des sons qu'elle produit et sa gestuelle donne de l'ampleur au chant; parfois, on a l'impression qu'elle devient les images du film: ses muscles saillants rappellent la lutte du morse contre le harpon qui vient casser son élan, ou les vagues de l'océan Arctique qui se brisent contre la glace. Il me semble que ses yeux sont parfois blancs, comme si elle était en transe, et je me dis que sa performance est primale, ou primaire, j'ai presque envie de dire "animale". Et là, je m'aperçois qu'elle est pieds nus sur scène.
Tanya Tagaq est une personnalité très colorée connue dans la région; pas du genre chichi, elle est accessible et se joint à la foule à la fin du spectacle. Je lui dis que je l'ai trouvée magnifique et que sa performance m'a touché, et naturelle, elle me répond qu'elle ovule en ce moment et qu'elle avait super chaud!
Voilà un exemple de chant de gorge avec Illannaat que j'ai vu à Folk on the Rocks: http://www.youtube.com/watch?v=zu0qQexySKc
La page MySpace de Tanya Tagaq: https://myspace.com/tagaq/music/songs
Et le générique d'Arctic Air pour voir ce que ça peut donner une fois adapté: http://www.youtube.com/watch?v=FkXadXsOnbg
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