dimanche 10 novembre 2013

Pensées saisonnières


Je voulais vous parler de l'automne, mais voilà, c'est déjà fini. Hier, nous avons eu notre première journée à -20 avec son beau ciel bleu. J'ai ressorti ma parka, j'ai même trouvé 10$ dedans! Malgré les 7 ou 8 mois d'hiver que j'ai déjà connus, malgré les 61 jours en dessous de -30 de l'hiver 2012/2013 et malgré mon impatience de revoir la neige, et bien j'ai eu froid.
Ah le nez qui pique, la gueule qui fait mal, le vent qui passe dans la moindre ouverture de ton manteau, la neige qui crisse sous les pas, le nez qui goutte, les kilos de la parka à trimbaler tous les jours, les yeux qui collent, les démarches de pingouins, les dérapages sur les plaques de glace dissimulées, la gaucherie des mains encombrées de leurs moufles, la voiture qui tousse pour démarrer, le cache-nez tout mouillé en quelques minutes qui devient rigide, les kleenex utilisés congelés dans tes poches, le portable que je laisse sonner dans ma poche pour ne pas risquer l'engelure pour vous parler ou vous texter...
Je me demande comment je faisais l'année dernière; toutes les sorties en raquettes ou en ski par -30 avec un sac à dos pesant de linge de rechange, de mon appareil photo, d'un thermos rempli d'une boisson chaude et de barres de céréales. Était-ce l'engouement du premier hiver? Suis-je victime de l'appréhension du deuxième hiver? Il n'y a pas encore assez de neige pour skier et les lacs ne sont pas encore suffisamment gelés pour y aller sans risque. J'ai pourtant complété mon stock de linge en laine de mérinos, j'ai acheté des skis, et j'ai commandé de meilleures bottes. Je suis prête. J'ai vraiment hâte de faire de nouvelles photos de la féérie des paysages enneigés du Nord.

dimanche 27 octobre 2013

Diane Boudreau, 13 ans de travaux à l'ARCC

C'est la matière qui semble passionner Diane avant tout: les matériaux récupérés au gré des balades, les restes de peinture, les métaux rouillés trouvés sur une île, les poils de caribou, les os, une pagaie, des bâtons, etc. Avant de migrer au Sud pour l'hiver, comme les oiseaux qu'elle peint si bien, notre artiste-biologiste Diane Boudreau a décidé de présenter ses œuvres à l'ARCC, un petit récapitulatif tout en couleurs de ses 13 années passées ici.
Une exposition de Diane, c'est comme un voyage culturel à travers les TNO, on y voit beaucoup d'oiseaux du Nord, des lagopèdes, des corbeaux, ou encore des petits chevaliers, mais aussi des paysages d'ici, comme nos lacs, nos îles ou encore nos mines. L'artiste parle volontiers des matières et des anecdotes derrière ses œuvres, comme les longues boîtes de carottes de roches en bois récupérées dans les mines autour de Yellowknife ou le pot en pieds d'oies fait à Inuvik en 2012 ou encore les poupées en peau de poisson réalisées au cours d'un atelier à Rankin Inlet en 2003.
En 1999, Diane est venue rendre visite à une amie à Yellowknife. Sa curiosité était piquée: elle voulait connaître le Nord; elle avait un goût d'aventure à ce moment-là, l'envie d'autre chose. L'année d'après, elle fait le saut. Elle trouve un travail dans un cabinet d'architecte, ce qu'elle faisait déjà au Québec. Mais ce qui lui tenait vraiment à cœur, c'est l'art. Elle avait déjà goûté à l'art scénique au Québec ; c'est là qu'elle avait appris la peinture pour les décors de théâtre, et elle avait beaucoup aimé la texture de cette matière. Travailler sur des projets tard le soir après une journée de travail ne lui suffisait plus, elle avait envie de s'essayer comme artiste à plein temps. C'est ce qu'elle a fait lors de sa deuxième année à Yellowknife, elle a tout arrêté et s'est lancée.
Des projets, Diane n'en manque pas. Elle n'est pas encore dans l'avion qui va l'amener au Québec pour l'hiver (pour prendre soin de sa maman) qu'elle parle déjà des futures peintures imaginées pour l'année prochaine. Diane, j'ai hâte de te revoir dans ton atelier en plein air au coin de la 50e rue et de la 52e avenue, à l'année prochaine!

mardi 24 septembre 2013

Poisson fumé, mode d'emploi

Oubliez le saumon fumé orange vif qu'on sert à Noël, voici la truite du Grand Lac des Esclaves fumée à 500m de chez moi. Bon, en fait, c'est pas compliqué, faut du poisson frais... et de la fumée... Stéphanie, pêcheuse de charme en été, a bien voulu me montrer sa technique. Déjà, elle avait pêché un bon paquet de truites 2 jours auparavant. Aussitôt la pêche terminée, et les truites filetées (en gardant la peau), elle a fait mariner les poissons dans leur jus, avec un peu de sel et du sucre. Les recettes varient suivant le pêcheur bien sûr.
Pour le fumage, on dispose les filets dans un fumoir. Il y en a de toutes sortes, traditionnels en bois, électriques en métal, etc. Ici, fumoir système D avec une armoire en métal récupérée; les poissons sont alignés sur des grilles. Ensuite, Stéphanie allume un feu de petit bois, généralement du bouleau dans la région, forcément on n'a pas beaucoup de choix. On peut utiliser des épinettes, mais tout le monde n'aime pas le goût. Sur le feu, elle dépose également une poêle en fonte dans laquelle se trouvent des copeaux humides de hickory (arbre) pour donner de la saveur. Après on ferme la porte et on papote pendant plusieurs heures! That's it. Il faut ajouter du bois de temps en temps, et bien sûr faire tourner les filets d'une grille à l'autre pour qu'ils cuisent tous à peu près en même temps. 4h plus tard, les truites fumées étaient prêtes. Ça, c'est une expérience que je n'aurais jamais imaginé à Bordeaux! Voilà pour moi le goût du Nord: la truite, le whitefish ou l'inconnu pêché et fumé par des gens que je connais.