Ces deux mois sont passés vite. Deux semaines après mon arrivée, j'ai commencé à travailler au Dancing Moose, et ça a été le tourbillon depuis. Et dire que je venais ici pour être un peu tranquille, lire à volonté, rattraper mon retard en séries TV, faire des photos à foison et enfin me mettre plus sérieusement à l'arabe ou à l'espagnol. Que nenni. Ça fait 2 mois que je suis sur "The Pillars of Earth", faut dire qu'il fait 900 pages, mais bon. Je travaille souvent 7j sur 7 pour une cinquantaine d'heures, mais j'ai appris à ne pas me plaindre car pas mal de gens cumulent 2, voire 3 jobs, et font plus de 60 heures. Yellowknife est une "working town". Pour le moment, ça me va, on verra plus tard.
Beaucoup viennent ici et ont un véritable coup de foudre. J'avoue que j'aime de plus en plus ce coin du Nord, mais je ne suis pas encore "tombée en amour". Niveau paysage, ce n'est pas le choc et ça ressemble beaucoup à l'Ontario. Mais tous ces sapins et ces rochers sont pas mal envoûtants. J'ai souvent une grosse envie de partir en canoë et de tracer jusqu'à l'infini; si seulement compagnon de voyage j'avais... Ce qui fait surtout rêver c'est de se dire qu'on est au milieu de nulle part et qu'en dehors des limites de la ville, il n'y a plus d'infrastructure, on est seul dans une nature dépouillée parmi les ours, coyottes, cougars et autres loups. À quelques centaines de km d'ici, les arbres s'effacent peu à peu et laissent place à la tundra.
À Yellowknife, c'est le mode de vie qui est particulièrement intéressant. C'est une ville du bout du monde où tout semble encore possible. Dans quel autre endroit aurais-je pu me retrouver cuisinière à la chaîne, libre de modifier le menu selon la disponibilité des produits ou mes idées? Il plane dans cette ville un esprit qui rappelle la "conquête de l'Ouest", sûrement dû à la présence des mines et au ballet des avions emportant les travailleurs de quart dans les mines ou les gens fortunés aux portes de l'Arctique pour des expéditions inoubliables. Les 4x4 et autres pickups dominent le paysage routier et je me demande à quelles besognes s'attellent ces bras musclés et tatoués tenant nonchalament leur volant. Uptown, ce sont les nouveaux quartiers où sont parqués en enfilades des centaines, peut-être des milliers de trailers, logements temporaires et vite faits pour travailleurs occupés et pressés. Bref, je divague...
Le week-end a prouvé que ma mini-tente à 30$ n'est pas étanche, mais j'avoue que c'est écrit sur l'emballage. Heureusement que les copains ont une tente géante où j'ai trouvé refuge, car j'ai dû vider entre 1 et 2 litres d'eau dans la mienne le lendemain matin...Ça a été un vrai déluge, mais après avoir fait un feu et mangé, donc pas de regrets. Nous avons vu un ours noir à l'entrée du camping; Shannon n'en avait jamais vu depuis 8 ans qu'elle habite ici! Heureusement il allait dans l'autre direction. Le ciel était plus clément le lendemain et nous avons fait du bateau sur le lac Prelude; la sortie s'est vite transformée en partie de pêche, mais j'ai dû porter la poisse de végétarienne vu que rien n'a mordu de l'après-midi.
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