Entr’elles,
une fin de semaine de canot-camping entre femmes de la francophonie
Messieurs, méfiez-vous, vous n’êtes plus
essentiels en camping! Lors de la fin de semaine Entr’elles organisée par l’Association
franco-culturelle de Yellowknife, les participantes ont prouvé qu’elles
n’avaient pas besoin de vous pour attacher et débarquer des canots, se diriger
dans les vagues et assurer les portages, fileter des poissons ou encore faire
du feu!
L’idée d’organiser une sortie entre femmes
francophones trottait dans la tête de Pascaline Gréau, la directrice de l’AFCY,
depuis un moment déjà. En discutant avec Catherine Mallet de North Soul
Adventures, Mme Gréau s’est aperçue que cette dernière recevait
beaucoup de demandes pour organiser des excursions de canot-camping entre
femmes. D’après Mme Mallet, «ºen
camping, ce sont souvent les hommes qui prennent en main les tâches ardues; les
femmes sont intéressées par des sorties entièrement féminines leur permettant
de prendre des initiatives et de voir qu’elles sont capables de faire les mêmes
choses. Certaines femmes se sentent aussi plus à l’aise quand elles sont entre
femmesº». C’est justement l’aspect féminin de l’aventure qui a motivé
Mélanie, originaire du Québec : «ºJ’aimais
bien l’idée de partager avec d’autres femmes, et je trouvais intéressant de faire une sortie avec le point de vue des
femmes, car c’est une activité pour laquelle on compte souvent sur les hommesº».
Entr’elles a réuni 17 femmes de la
francophonie aux profils variés. Originaires du Québec, de l’Ontario, de la
France, du Nouveau-Brunswick et des TNO, certaines n’avaient jamais fait de
canot-camping, d’autres avaient expérimenté le camping et le canot, mais pas les
deux ensembles, mais toutes étaient impatientes de relever le défi. Manon,
originaire du Québec et à Yellowknife depuis peu, avait vraiment envie de
plein-air : «ºJ’avais vraiment
hâte de faire ma première sortie en canot-camping, et qui plus est à
Yellowknife. Je voulais voir comment ça se passait, l’organisation derrière
tout ça.º»
Lors d’une réunion préparatoire en début de
semaine, les participantes ont décidé ensemble de leur destination, des
conditions de l’expédition et des horaires, et elles ont mis au point une liste
des affaires à emporter. Le jour venu, au lac Prelude, une fois les canots
chargés du matériel et de la nourriture, Catherine Mallet a expliqué les six
gestes essentiels du canotage, et décrit la configuration des embarcations pour
assurer la stabilité des chargements. Elle n’a pas oublié d’expliquer les
différentes utilisations de la pagaie pour communiquer une fois sur l’eau quand
la voix ne porte pas.
Nos francophones se sont ensuite élancées
sous le beau soleil ténois, direction River Lake. L’eau calme était idéale pour
répéter les gestes appris, tourner en rond et s’enfoncer dans les frêles. Le
convoi de charme a d’abord suivi une étroite rivière avant de déboucher sur
River Lake. Les rassemblements réguliers, canots alignés les uns contre les autres
et dérivant au gré du courant, permettaient de faire le point sur la technique
et de répondre aux questions. L’ambiance était bon enfant.
Après quelques heures et un arrêt
pique-nique sur les rochers, l’installation du camp a donné lieu à de nombreux
échanges. Natasha, ayant toujours vécu aux TNO, était impatiente de pratiquer
son français : «ºJ’ai pris un
cours de français de cinq semaines cet été, et je voulais participer à
cette expédition pour pratiquer la langue et faire enfin du canot-camping, ce
dont je n’avais pas eu l’occasion depuis longtemps.º»
L’atelier de filetage de poisson était très
attendu. Stéphanie Vaillancourt, qui pêche sur le Grand lac aux Esclaves depuis
cinq ans, a patiemment montré aux participantes comment faire les bonnes
entailles, couper la tête du poisson, le vider et le fileter en enlevant les os
et les arêtes et sans en massacrer la chair! C’est tout un art qui s’apprend
dans les fous rires. Aucune arête n’a semble-t-il été signalée lors du dîner de
corégones grillés!
Diane Boudreau, autre visage connu de la
communauté francophone, s’est fait un plaisir de faire découvrir les plantes
identifiées en cours de route, comme le thé du Labrador, les canneberges, les
raisins d’ours, le genévrier ou la prêle des bois. Aucun champignon n’a
accompagné le petit-déjeuner du lendemain cependant, faute de cueillette productive.
Pour les moins expérimentées, l’encadrement
par des professionnelles habituées aux activités en plein air était un
soulagement. Le dimanche, les conditions avaient changé et l’eau était assez
agitée. DianeºC., originaire elle aussi du Québec, avait des craintes sur ses
capacités dans cette situation : «ºJ'avais une seule expérience de canot et elle remonte à plus de vingt
ans! Je craignais de ne pas être à la hauteur alors que tout s'est
admirablement bien passé.º»
On sait qu’une aventure est réussie quand
on n’a pas envie de rentrer à la maison; le sentiment était partagé par toutes,
notamment par Diane : ǼJe
garde en mémoire la rencontre de ces femmes incroyables, courageuses et
tellement pleines de potentiel. Je ne suis pas assez sportive alors je dois
parfois me lancer des défis comme celui-ci. J'y ai travaillé la confiance en
soi et dans les autres et ce fût une réussite.º»
Le meilleur moment du week-end? Les femmes
sont unanimes, c’est la nature qui éblouit toujours, et les aurores boréales,
exceptionnelles ce soir-là, resteront gravées dans les esprits. Puis chacune
s’empresse d’ajouter qu’elle a adoré faire du canot, monter le camp et se
détendre au bord de l’eau, apprendre le filetage de poisson ou encore partager le
repas du soir et discuter autour du feu; elles sont contentes d’avoir échangé avec
d’autres femmes et se réjouissent de la bonne humeur qui a régné toute la fin
de semaine. Mme Gréau espère pouvoir renouveler l’expérience l’année
prochaine, voire mettre sur pied une édition hivernale d’Entr’elles. La
participation ne devrait pas manquer.
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