Voilà une performance que je n'oublierai pas. En arrivant dans le Nord, il est une musique qu'on découvre en général pour la première fois, le chant de gorge (chant guttural, haleté, etc.). Il nous vient des femmes inuits, qui le pratiquent traditionnellement en duo. Quand c'est le cas, c'est quelque chose à voir! Les deux femmes se font face et se tiennent souvent par les épaules (sauf celles que j'ai vues car elles tenaient leur micro...). On sent une connivence entre ces femmes et les sons qu'elles produisent sortent d'un autre monde. Passée la surprise (certains sons très gutturaux me font parfois penser à ceux qu'on produit quand on... régurgite en fait), on se laisse aller et porter par notre imaginaire.
Tanya Tagaq est une chanteuse inuit connue pour ses chants de gorge adaptés aux goûts d'aujourd'hui et intégrant des instruments. Elle collabore avec d'autres musiciens, et ses spectacles sont époustouflants. Contrairement à la tradition, elle chante seule.
Le spectacle que je suis allée voir était une diffusion d'un vieux film muet de 1922, Nanouk l'Esquimau, pour lequel Tanya faisait la narration en chant de gorge, accompagnée d'un violoniste et d'un percussionniste. À lire la description, je pensais passer 2h assez difficiles, mais j'ai trouvé le show trop court!
Mon regard allait des images à Tanya, s'attardait sur le film, se reposait sur elle. On pourrait penser qu'il suffit de l'écouter et de regarder les images, mais cette femme est un spectacle à elle seule et on a envie de la regarder. Elle est sensuelle, elle se mouve au gré des sons qu'elle produit et sa gestuelle donne de l'ampleur au chant; parfois, on a l'impression qu'elle devient les images du film: ses muscles saillants rappellent la lutte du morse contre le harpon qui vient casser son élan, ou les vagues de l'océan Arctique qui se brisent contre la glace. Il me semble que ses yeux sont parfois blancs, comme si elle était en transe, et je me dis que sa performance est primale, ou primaire, j'ai presque envie de dire "animale". Et là, je m'aperçois qu'elle est pieds nus sur scène.
Tanya Tagaq est une personnalité très colorée connue dans la région; pas du genre chichi, elle est accessible et se joint à la foule à la fin du spectacle. Je lui dis que je l'ai trouvée magnifique et que sa performance m'a touché, et naturelle, elle me répond qu'elle ovule en ce moment et qu'elle avait super chaud!
Voilà un exemple de chant de gorge avec Illannaat que j'ai vu à Folk on the Rocks: http://www.youtube.com/watch?v=zu0qQexySKc
La page MySpace de Tanya Tagaq: https://myspace.com/tagaq/music/songs
Et le générique d'Arctic Air pour voir ce que ça peut donner une fois adapté: http://www.youtube.com/watch?v=FkXadXsOnbg
dimanche 15 septembre 2013
mardi 10 septembre 2013
Un week-end entre femmes francophones
Voici l'article que j'ai écrit pour l'Aquilon, le journal francophone de Yellowknife.
Entr’elles,
une fin de semaine de canot-camping entre femmes de la francophonie
Messieurs, méfiez-vous, vous n’êtes plus
essentiels en camping! Lors de la fin de semaine Entr’elles organisée par l’Association
franco-culturelle de Yellowknife, les participantes ont prouvé qu’elles
n’avaient pas besoin de vous pour attacher et débarquer des canots, se diriger
dans les vagues et assurer les portages, fileter des poissons ou encore faire
du feu!
L’idée d’organiser une sortie entre femmes
francophones trottait dans la tête de Pascaline Gréau, la directrice de l’AFCY,
depuis un moment déjà. En discutant avec Catherine Mallet de North Soul
Adventures, Mme Gréau s’est aperçue que cette dernière recevait
beaucoup de demandes pour organiser des excursions de canot-camping entre
femmes. D’après Mme Mallet, «ºen
camping, ce sont souvent les hommes qui prennent en main les tâches ardues; les
femmes sont intéressées par des sorties entièrement féminines leur permettant
de prendre des initiatives et de voir qu’elles sont capables de faire les mêmes
choses. Certaines femmes se sentent aussi plus à l’aise quand elles sont entre
femmesº». C’est justement l’aspect féminin de l’aventure qui a motivé
Mélanie, originaire du Québec : «ºJ’aimais
bien l’idée de partager avec d’autres femmes, et je trouvais intéressant de faire une sortie avec le point de vue des
femmes, car c’est une activité pour laquelle on compte souvent sur les hommesº».
Entr’elles a réuni 17 femmes de la
francophonie aux profils variés. Originaires du Québec, de l’Ontario, de la
France, du Nouveau-Brunswick et des TNO, certaines n’avaient jamais fait de
canot-camping, d’autres avaient expérimenté le camping et le canot, mais pas les
deux ensembles, mais toutes étaient impatientes de relever le défi. Manon,
originaire du Québec et à Yellowknife depuis peu, avait vraiment envie de
plein-air : «ºJ’avais vraiment
hâte de faire ma première sortie en canot-camping, et qui plus est à
Yellowknife. Je voulais voir comment ça se passait, l’organisation derrière
tout ça.º»
Lors d’une réunion préparatoire en début de
semaine, les participantes ont décidé ensemble de leur destination, des
conditions de l’expédition et des horaires, et elles ont mis au point une liste
des affaires à emporter. Le jour venu, au lac Prelude, une fois les canots
chargés du matériel et de la nourriture, Catherine Mallet a expliqué les six
gestes essentiels du canotage, et décrit la configuration des embarcations pour
assurer la stabilité des chargements. Elle n’a pas oublié d’expliquer les
différentes utilisations de la pagaie pour communiquer une fois sur l’eau quand
la voix ne porte pas.
Nos francophones se sont ensuite élancées
sous le beau soleil ténois, direction River Lake. L’eau calme était idéale pour
répéter les gestes appris, tourner en rond et s’enfoncer dans les frêles. Le
convoi de charme a d’abord suivi une étroite rivière avant de déboucher sur
River Lake. Les rassemblements réguliers, canots alignés les uns contre les autres
et dérivant au gré du courant, permettaient de faire le point sur la technique
et de répondre aux questions. L’ambiance était bon enfant.
Après quelques heures et un arrêt
pique-nique sur les rochers, l’installation du camp a donné lieu à de nombreux
échanges. Natasha, ayant toujours vécu aux TNO, était impatiente de pratiquer
son français : «ºJ’ai pris un
cours de français de cinq semaines cet été, et je voulais participer à
cette expédition pour pratiquer la langue et faire enfin du canot-camping, ce
dont je n’avais pas eu l’occasion depuis longtemps.º»
L’atelier de filetage de poisson était très
attendu. Stéphanie Vaillancourt, qui pêche sur le Grand lac aux Esclaves depuis
cinq ans, a patiemment montré aux participantes comment faire les bonnes
entailles, couper la tête du poisson, le vider et le fileter en enlevant les os
et les arêtes et sans en massacrer la chair! C’est tout un art qui s’apprend
dans les fous rires. Aucune arête n’a semble-t-il été signalée lors du dîner de
corégones grillés!
Diane Boudreau, autre visage connu de la
communauté francophone, s’est fait un plaisir de faire découvrir les plantes
identifiées en cours de route, comme le thé du Labrador, les canneberges, les
raisins d’ours, le genévrier ou la prêle des bois. Aucun champignon n’a
accompagné le petit-déjeuner du lendemain cependant, faute de cueillette productive.
Pour les moins expérimentées, l’encadrement
par des professionnelles habituées aux activités en plein air était un
soulagement. Le dimanche, les conditions avaient changé et l’eau était assez
agitée. DianeºC., originaire elle aussi du Québec, avait des craintes sur ses
capacités dans cette situation : «ºJ'avais une seule expérience de canot et elle remonte à plus de vingt
ans! Je craignais de ne pas être à la hauteur alors que tout s'est
admirablement bien passé.º»
On sait qu’une aventure est réussie quand
on n’a pas envie de rentrer à la maison; le sentiment était partagé par toutes,
notamment par Diane : ǼJe
garde en mémoire la rencontre de ces femmes incroyables, courageuses et
tellement pleines de potentiel. Je ne suis pas assez sportive alors je dois
parfois me lancer des défis comme celui-ci. J'y ai travaillé la confiance en
soi et dans les autres et ce fût une réussite.º»
Le meilleur moment du week-end? Les femmes
sont unanimes, c’est la nature qui éblouit toujours, et les aurores boréales,
exceptionnelles ce soir-là, resteront gravées dans les esprits. Puis chacune
s’empresse d’ajouter qu’elle a adoré faire du canot, monter le camp et se
détendre au bord de l’eau, apprendre le filetage de poisson ou encore partager le
repas du soir et discuter autour du feu; elles sont contentes d’avoir échangé avec
d’autres femmes et se réjouissent de la bonne humeur qui a régné toute la fin
de semaine. Mme Gréau espère pouvoir renouveler l’expérience l’année
prochaine, voire mettre sur pied une édition hivernale d’Entr’elles. La
participation ne devrait pas manquer.
mercredi 14 août 2013
Calgary-Yellowknife, soit 1800km par la route
Ma mission était d'aller chercher la voiture de tous mes désirs à Calgary et de faire la route du retour pendant le week-end; j'étais impatiente car j'étais arrivée à YK par avion l'année dernière. C'est bien de
prendre cette route au moins une fois, pour l'aspect mythique de passer
le 60e parallèle en voiture, pour observer le changement des paysages et
pour bien prendre la mesure du trou dans lequel on va s'enterrer!
![]() |
Un peu après Enterprise, aux TNO. Grand lac des Esclaves en arrière plan |
-j’ai parcouru en 2 jours ce que l’avion a fait en 2h samedi matin;
-le paysage entre Peace River et High Level est chiant à mourir;
-on
a beau faire confiance à la voiture qui annonce qu’on peut se rendre à
destination avec l’essence qu’il reste, le voyant orange qui s’allume et
le décompte du nombre de kilomètres alors qu’on n'a pas vu depuis longtemps un panneau annonçant à quelle
distance se trouve la prochaine ville peuvent avoir de graves
conséquences psychologiques;
-High Level semble chiant comme la mort;
Je ne sais pas pourquoi, le nom me faisait fantasmer, comme d'autres bourgades, Medicine Hat, Grande Prairie, Indian Cabins; pas de quoi franchement. |
-je ne suis pas sûre de l’existence de Peace River; je suis arrivée de nuit et suis repartie dans un brouillard à couper au couteau;
-le comble du road trip en Alberta serait de tomber en rade d'essence entre Peace River et High Level;
-c’est quand il y a du brouillard que les biches et les renards choisissent de traverser la route;
-j’ai
testé mes phares, mes essuie-glaces, la clim, le cruise control en
Alberta; aux TNO c’était plutôt la suspension et la direction; ah et les freins aussi, à cause des bisons nonchalants sur la route, des espèces de grues hésitantes (on traverse? on traverse pas? on attend? aaahhhrrrrgghhh une voiture, demi-tour!), et des écureuils suicidaires;
-en
achetant la voiture, j’avais une garantie d’échange de 7 jours ou 1000
kilomètres; je n’y avais plus droit dès le soir de mon achat tellement
j’habite loin;
-c'est fou ce que la pellicule d'insectes morts peut coller au pare-brise après une telle distance;
-niveau paysage, c'est plutôt simple: c'est très plat entre Calgary et Edmonton, vallonné jusqu'à Peace River, chiant re-plat après Peace River;
-plus on monte vers le Nord, moins il y a de feuillus et d'herbe verte et plus les conifères dominent;
-au centre des visiteurs du 60e parallèle, on offre du café et du thé gratuits, et des exemplaires empaillés de mammifères iconiques du Nord y sont présentés; on peut même obtenir un certificat faisant état de son incursion au Nord du 60e;
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